Si vous voulez conserver votre cerveau en bonne santé, il s’avère que le fait de rencontrer des amis, participer à des fêtes et des repas, voire même d’aller à l’église, pourrait être aussi bon pour vous que de faire des mots croisés.

Selon une recherche dirigée au Centre Médical de l’Université Rush, et publiée dans le Journal of the International Neuropsychological Society [1], une activité sociale fréquente pourrait permettre d’empêcher ou de retarder le déclin cognitif sur ses vieux jours.

Les chercheurs ont été tout spécialement prudents dans leur analyse pour essayer d’éliminer la possibilité que la régression cognitive précède, ou cause, l’isolation sociale et non pas l’inverse.

“Il est logique de penser que quand les capacités cognitives de quelqu’un dégringolent, il soit moins susceptible de sortir et de rencontrer des amis, de profiter des sorties ou de faire partie d’associations. Si la mémoire et les aptitudes intellectuelles font défaut, il devient difficile de se sociabiliser” dit Bryan James l’auteur principal de l’étude. “Mais notre étude suggère que l’inactivité sociale en soi provoque des détériorations cognitives.”

L’étude a inclus 1138 adultes âgés en moyenne de 80 ans, qui ont participé au Projet de l’Age et de la Mémoire, une étude longitudinale sur les conditions chroniques associées à l’âge. Ils sont tous passés par des évaluations annuelles qui comprenaient leur passé médical et des tests neuropsychologiques.

L’activité sociale a été mesurée grâce à des questionnaires demandant aux participants s’ils étaient impliqués dans des activités qui comprenaient des interactions sociales, et leur fréquence l’année passée, par exemple s’ils allaient au restaurant, à des événements sportifs ou participaient à des loteries, faisaient des voyages ou sortaient le soir, étaient bénévoles, visitaient des amis ou de la famille ou encore étaient actifs dans des congrégations religieuses.

La fonction cognitive a été évaluée en utilisant une batterie de 19 tests pour différents types de mémoire (épisodique, sémantique et mémoire de travail), tout comme la rapidité perceptuelle et l’aptitude visuo-spatiale.

Au début de l’étude, aucun participant ne présentait de signe de problèmes cognitifs. Sur une moyenne de cinq années, cependant, ceux qui étaient socialement plus actifs ont montré des taux de déclin cognitif plus réduits. En moyenne, ceux qui avaient le plus d’activité sociale n’ont vécu qu’un quart du déclin cognitif vécu par les individus les moins actifs socialement. D’autres variables qui auraient pu compter dans l’augmentation du déclin cognitif, comme l’âge, l’exercice physique et la santé, ont été neutralisés et retirés de l’analyse.

On ne sait pas encore avec certitude pourquoi l’activité sociale joue un rôle si important dans le développement des problèmes cognitifs. Selon James, une des possibilités est que “l’activité sociale pousse les adultes les plus âgés à participer à des échanges interpersonnels complexes, ce qui pourrait favoriser ou maintenir un réseau neuronal efficace”, comme pourrait le résumer l’expression “le cerveau s’use si on ne s’en sert pas“.

Il faudrait plus de recherches pour déterminer si les interventions qui visent à augmenter l’activité sociale dans ses vieux jours peuvent jouer un rôle important pour ce qui est de retarder ou d’empêcher tout déclin cognitif, conclut le chercheur.

Références :

[1] Late-Life Social Activity and Cognitive Decline in Old Age. Bryan D. Jamesa, Robert S. Wilsona, Lisa L. Barnes, and David A. Bennetta, Journal of the International Neuropsychological Society.

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