En même temps que les hommes perdent la vie, les femmes perdent des partenaires.

Selon une étude de l’Université de Chicago, publiée dans le British Medical Journal [1], à l’âge de 55 ans, les hommes peuvent encore s’attendre à 15 années d’activité sexuelle, mais les femmes n’en auront plus que 11. Les hommes en bonne ou excellente santé à 55 ans peuvent ajouter 5 ou 7 ans à ce chiffre. Les femmes dans une condition similaire en auront un peu moins, entre 3 et 6 ans.

Une consolation pour les femmes cependant : cela ne semble pas leur manquer. Les hommes tendent à se marier plus jeunes que les femmes, à décéder plus tôt et à plus se soucier du sexe, dit l’étude. Bien que 72% des hommes âgés entre 75 et 85 ans ont des partenaires, moins de 40% des femmes de cet âge en ont.

Seulement la moitié des femmes de 75-85 ans, qui sont encore sexuellement actives, évaluent leur vie sexuelle comme “bonne”, et seulement 11% de toutes les femmes de cet âge rapportent penser ou s’intéresser régulièrement au sexe. Parmi les individus âgés entre 57 et 85 ans qui ne vivent pas avec un partenaire, 57% des hommes étaient intéressés par le sexe, comparés aux 11% chez les femmes.

“L’intérêt pour le sexe, la participation sexuelle et même la qualité de l’activité sexuelle étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes, et ce fossé entre les sexes s’élargit avec l’âge” explique Stacy Tessler Lindau de l’Université de Chicago, principale auteure de l’étude. Mais l’étude “affirme aussi qu’il y a une association positive entre la santé à cet âge, le partenariat sexuel et l’activité sexuelle” dit-elle.

Les chercheurs se sont concentrés sur deux importantes enquêtes, la National Survey of Midlife Development qui comprenait 3000 adultes âgés entre 25 et 74 ans, et complétée en 1996, et la National Social Life Health and Aging Project impliquant 3000 autres adultes âgés entre 57 et 85 ans et complétée en 2006. Les participants ont fourni des informations à propos de leurs relations et ont évalué la qualité de leurs vies sexuelles, et la fréquence de leur activité sexuelle. Ils ont aussi évalué le niveau de leur santé générale soit comme étant médiocre, correcte, bonne, très bonne ou excellente.

Les résultats ont montré que les hommes étaient plus susceptibles d’être sexuellement actifs, ont rapporté une bonne vie sexuelle et être plus intéressés par le sexe que les femmes. La différence était la plus marquée dans le groupe des 75 à 85 ans, où presque 40% des hommes, comparé au 17% des femmes, étaient sexuellement actifs.

L’étude a également introduit une nouvelle mesure de la santé : “l’espérance de vie sexuelle” qui est la moyenne d’années restante pour une vie sexuellement active. Pour les hommes, cette espérance était d’environ 10 ans de moins que leur espérance de vie totale. Pour les femmes, elle est de 20 ans de moins.

Les hommes à 30 ans, par exemple, ont une espérance de vie sexuelle de pratiquement 35 ans, mais ils peuvent, en moyenne, s’attendre à rester en vie encore pendant 45 ans, y compris avec une dernière décennie sans relations sexuelles. Pour les femmes de 30 ans, cette espérance de vie sexuelle est de presque 31 années, mais l’espérance de vie totale est de plus de 50 ans. Ainsi, les hommes de cet âge peuvent anticiper de pouvoir rester sexuellement actifs pendant 78% de leur vie restante, alors que les femmes à 30 ans peuvent s’attendre à demeurer sexuellement actives pendant seulement 61% des années qui leur restent.

Les auteurs de conclure que “l’estimation de l’espérance de vie sexuelle est un nouvel outil qui peut être utilisé pour projeter la santé du public et les besoins des patients dans l’arène de la santé sexuelle” et “projeter les modèles de l’activité sexuelle de la population afin d’anticiper les besoins en ressources, expertises et services médicaux pour le public.”

Cependant, il reste des zones d’ombres dans ce domaine des personnes âgées et de leur sexualité, comme les problèmes de mesures et de tabous au regard de la santé sexuelle des homosexuels, bisexuels ou des transsexuels. “Ils sont comme un rappel des limitations inhérentes à la science appliquée à l’étude des réalités humaines complexes, et des valeurs culturelles qui façonnent les sujets que nous avons choisi d’étudier” ajoute-t-elle.

Références :

[1] Sex, health, and years of sexually active life gained due to good health : evidence from two US population based cross sectional surveys of ageing. BMJ, 2010 ;340:c810.

A lire également