Une étude remet en question certaines préconceptions concernant les régimes alimentaires et la perte de poids [1]. En effet, les résultats de celle-ci semblent confirmer l’hypothèse déjà formulée concernant le problème dû à une consommation trop importante de glucides.

Dans cette grande étude randomisée de l’Université Tulane, des chercheurs ont sélectionné des individus obèses mais en bonne santé afin qu’ils suivent un régime sur 12 mois qui était soit faible en graisses, soit faible en glucides. Les personnes qui suivaient le régime faible en glucides ont perdu en moyenne 3,6 kg de plus que celles qui suivaient le régime réduit en graisses, quand bien même les deux groupes d’individus avaient commencé à un poids relativement identique et ont consommé la même quantité de calories par jour.

Plus étonnant encore, les participants qui suivaient le régime hypoglucidique ont profité d’une plus grande amélioration au niveau des mesures cardiovasculaires telles que le cholestérol total, le cholestérol HDL et les protéines C-réactive que les sujets qui avaient suivi le régime hypolipidique. En d’autres termes, leur consommation relativement élevée de graisses (40,7 % de toutes leurs calories, presque le double de graisses saturées que les recommandations habituelles) n’ont pas ruiné leur profil lipidique sanguin. Au contraire, ce régime alimentaire riche en graisses a amélioré leurs niveaux de graisse dans le sang, ce qui remet apparemment 40 ans de recommandations alimentaires à propos de la consommation de graisses pour la santé cardiovasculaire.

L’étude n’a malheureusement pas duré assez longtemps pour pouvoir mesurer les résultats en termes de mortalité des sujets suivis. Mais ceux qui mangeaient peu de glucides ont profité de meilleurs scores sur l’échelle de mesure du score de Framingham (qui mesure le risque cardiovasculaire). Mais l’étude a aussi dévoilé certains résultats intéressants.

Par exemple, toutes les personnes au régime “devaient” perdre environ 25 kg sur les 12 mois que durait leur régime, étant donné leur restriction de 500 calories par jour par rapport à leur alimentation d’avant. L’étude n’a pas mesuré les niveaux d’activité des individus, mais il leur avait été recommandé de continuer à vivre comme avant. Ainsi, la perte de poids n’est pas survenue facilement, et elle n’a pas suivi un modèle simple de “calories qui entrent contre calories qui sortent”.

L’étude n’a pas non plus montré de preuve d’un lien entre le glucose et l’insuline tel que proposé par certains auteurs de régimes alimentaires, comme étant le mécanisme responsable du succès des régimes faibles en glucides. En effet, ceux qui ont une alimentation faible en graisses et riche en glucides ont bénéficié d’un contrôle légèrement meilleur de l’insuline sur le glucose que ceux qui mangeaient faiblement sucré. Il est donc tentant de dire que l’étude de l’Université Tulane a mis à mal deux idées en même temps : premièrement celle que les régimes riches en graisse sont mauvais pour la santé du cœur, et deuxièmement que les régimes riches en glucides alimentent le système de dépôt glucose-insuline-graisse.

Il est probable que les partisans d’un régime alimentaire réduit en graisses et faibles en glucides seront mécontents par les résultats de cette nouvelle étude. Ceux qui mangeaient peu de graisses recevaient 30 % de leurs apports caloriques sous forme de graisse. Ceux qui mangeaient peu de glucides recevaient 34 % de leurs calories totales en glucides. Les ardents supporters des régimes alimentaires faibles en graisses et en glucides préfèrent voir ces pourcentages se situer encore plus bas.

L’un des résultats assez étrange de cette étude est que les individus qui suivaient le régime faible en lipides ont diminué leur consommation absolue de glucides depuis le début de l’étude jusqu’à la fin, ceci à cause de leur plus faible consommation globale de calories. Ci-dessous les pourcentages de calories venant des graisses et des hydrates de carbones pour les deux groupes au début et après 12 mois :

Groupe faible en graisses : 34,7 % à 29,8 % de graisses ; 46 % à 54 % de glucides.

Groupe faible en glucides : 32,5 % à 40,7 % de graisses ; 48,1 % à 34 % de glucides.

Pour les sportifs qui voudraient tester un régime alimentaire faible en glucides mais qui ont besoin d’un niveau de carburant suffisant pour pouvoir courir – car le corps “préfère” les glucides pour des exercices d’intensité élevée comme la course à pieds – le mieux est probablement de réduire les hydrates de carbone à tous les repas sauf ceux consommés avant l’entrainement. Avant un marathon, plusieurs jours de recharge en glucides paieront certainement, mais il n’est pas nécessaire de consommer tout le temps beaucoup de glucides pendant l’entrainement régulier.

Dans l’étude de Tulane, les chercheurs espéraient que le groupe qui consommait peu de glucides avalerait seulement 160 calories par jour en glucides. Mais ils ne pouvaient pas gérer une cible si basse, et ils approchaient en fait les 350 calories de glucides par jour. Les glucides sont partout dans notre alimentation moderne. À ce jour, le meilleur conseil est de manger des quantités modestes d’hydrates de carbone de haute qualité, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas été lourdement transformés et chargés en sucres.

Références :

[1] Effects of Low-Carbohydrate and Low-Fat Diets : A Randomized Trial. Ann Intern Med. 2014 ;161(5):309-318. doi:10.7326/M14-0180.

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