Le point de côté est l’une des afflictions les plus familières du sport. Il était déjà mentionné par Pline L’Ancien (qui recommandait à l’époque de s’injecter de l’urine de chèvre dans l’oreille dans certains cas) ainsi que par Shakespeare. Mais il a été pratiquement ignoré par les scientifiques contemporains du sport, comme l’a fait remarquer Darenn Morton, chercheur Australien, dans une analyse publiée dans le British Journal of Sport Medicine [1]. Morton décrit la douleur comme étant “vive ou lancée quand elle est sévère, et sous forme de crampe, migraineuse ou déchirante quand elle est moins intense”.

Jusqu’à une série d’études réalisées la décennie précédente, personne ne savait vraiment ce qu’était un point de côté (ou “crampe latérale” ou “douleur abdominale occasionnelle causée par l’exercice”), sans parler de ce qui le causait. S’agissait-il d’une crampe ou d’un spasme des muscles abdominaux ou respiratoires ? D’un apport réduit de sang vers le diaphragme ? Des ligaments qui soutiennent les organes internes qui sont trop bousculés ?

Morton et ses collègues ont prudemment passé en revue ces théories populaires les unes après les autres. En nourrissant des volontaires de boissons fortement sucrées puis en les faisant courir sur un tapis de course, ils ont appris comment provoquer des points de côtés avec une précision raisonnable. Ils ont utilisé des électrodes pour enregistrer l’activité des muscles abdominaux pendant les points de côté et n’ont trouvé aucun changement, ce qui met hors de cause les spasmes des muscles abdominaux [2].

Ils ont aussi analysé les paramètres de la respiration pendant les points de côté et n’ont rien trouvé non plus de ce côté-là, ce qui innocentait aussi les spasmes du muscle respiratoire. La grande variété des localisations des points de côté, comme en bas de l’abdomen, met l’abdomen hors de cause. Et la fréquence des points de côté pendant des activités qui ne “bousculent” pas trop le corps, comme par exemple la natation, vont à l’encontre de la théorie des ligaments trop remués [3].

Que reste-t-il ? Il n’y a toujours pas de réponse définitive à ce jour, mais de nouvelles études ont apporté certaines allusions révélatrices. Les médecins ont parfois des patients qui ont des douleurs identiques à celles des points de côté causées par des lésions cérébrales ou à cause de nerfs comprimés dans une certaine région (supérieure et arrière) du rachis thoracique. Morton et son équipe ont découvert qu’ils pouvaient provoquer un point de côté en pressant sur cette région de la colonne vertébrale, ce qui suggère qu’il y a un élément neural.

Dans une étude de 2010, ils ont trouvé un lien entre le degré de courbure de la colonne vertébrale chez 159 volontaires et leur susceptibilité aux points de côté. Plus la cyphose (courbure du haut) et la lordose (courbure du bas) étaient grandes et plus les points de côté étaient sérieux et douloureux.

Les chercheurs déclarent que la douleur réelle est mieux expliquée comme étant une irritation de quelque-chose appelée le “péritoine pariétal”, qui est la couche externe de la membrane qui tapisse la cavité abdominale. La friction entre les couches du péritoine pourrait être causée par un estomac bien rempli qui appuie de l’intérieur, ou la forme contrainte de la cage thoracique avec une courbature excessive de la colonne vertébrale. Les nerfs du péritoine sont connectés à travers la même région du rachis qui peut provoquer des points de côté, et d’autres nerfs du péritoine sont reliés à l’épaule où certaines personnes vivent des douleurs en tous points semblables aux points de côté.

Cela suggère que si vous êtes sujets aux points de côté, vous devriez éviter de remplir votre estomac de nourriture ou d’eau juste avant de faire de l’exercice physique. Cela veut aussi dire que les exercices de postures pour limiter la courbure de la colonne vertébrale pourraient être utiles. Étant donné que d’autres études ont découvert que le fait de consommer des boissons très sucrées avant de faire de l’exercice rend les points de côtés plus fréquents, il serait sensé de les éviter et de savoir quels autres aliments pourraient être un élément déclencheur.

Finalement, la corrélation la plus évidente qu’ils aient découverte est avec l’âge : plus vous êtes jeunes, plus vous êtes susceptibles d’avoir un point de côté. Si donc tout le reste ne marche pas, le temps pourrait vous soulager.

Références :

[1] Darren Morton, Exercise related transient abdominal pain. British Journal of Sport Medicine, 2003, 37, 287-288.

[2] D. Morton, R. Callister, EMG Activity is not elevated during exercise-related transient abdmonial pain. Journal of Science and Medicine in Sport, 2008, 11, 569-574.

[3] D. Morton, R.Callister, Influence of Posture and body type on the experience of exercise-related transient abdominal pain. Journal of Science and Medicine in Sports, 2010, 13(5), 485-488.

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