Certaines personnes transpirent plus que d’autres. Il suffit de regarder un groupe d’individus qui court un jour où il fait chaud, ou de comparer les personnes qui fréquentent une salle de sport, pour remarquer qu’il y a des différences évidentes. Mais qu’est-ce qui est à l’origine de ces variations ? Les réponses s’étaient traditionnellement focalisées sur des facteurs tels que le pourcentage de graisse dans le corps (en stipulant que la graisse est un isolant et vous fait donc transpirer plus tôt) et la condition physique (meilleure est votre condition physique et moins vous transpirez).

Des chercheurs de l’Université d’Ottawa et de Sydney ont cependant présenté des résultats qui remettent en cause ces idées. Leurs données, publiées dans le Journal of Applied Physiology [1], présentent des éléments surprenants.

Le problème avec les études précédentes, c’est que la graisse du corps et la condition physique (VO2 max) tendaient à se corréler avec d’autres facteurs. Les individus avec beaucoup de graisse tendent à peser plus lourd – ainsi, sont-ce les propriétés isolantes de la graisse qui importent, ou est-ce simplement le fait d’être plus gros et d’avoir plus de poids à déplacer ? De même, les individus qui ont un VO2max relativement élevé (exprimé comme étant la quantité maximale d’oxygène que leurs muscles peuvent utiliser par kilogramme de masse du corps) tendent à être globalement plus petits – ainsi, c’est la taille du corps, et non la condition physique, qui fait la différence.

Pour démêler ces facteurs essentiels, les chercheurs ont rassemblé 28 volontaires qui avaient des niveaux de forme physique et des tailles largement différents, et leur ont fait faire des tests de cyclisme de 60 minutes à différentes intensités tout en mesurant leurs taux de transpiration ainsi que leurs changements de température du corps.

Les changements de la température centrale du corps s’expliquaient principalement par la quantité de chaleur générée pendant qu’ils pédalaient par unité de masse du corps, sans aucun “effet isolant.” La production de chaleur comptait pour 50 % de la variabilité de la température centrale, et le fait d’ajouter le pourcentage de graisse corporelle (qui allait de 6,8 % à 32,5 % chez les sujets) n’expliquait que les autres 2,3 % de cette variabilité. Cela montre que deux personnes qui pèsent le même poids, et qui pédalent au même rythme, devraient se réchauffer dans les mêmes proportions, même si l’un d’entre eux est petit et gras et que l’autre est grand et maigre.

Il en était de même pour le taux de transpiration global : le pourcentage de graisse dans le corps n’explique que 1,3 % de la variation. Il est important de noter que ceci n’entre pas en contradiction avec l’observation générale selon laquelle les gens avec beaucoup de graisse tendent à transpirer plus. Mais ce n’est pas à cause des propriétés thermiques de la graisse en soi, il faut seulement fournir plus de travail pour déplacer plus de poids.

De la même manière, le VO2 max s’avère ne pas faire beaucoup de différence en soi, il compte pour 4 % seulement de la variation du taux de transpiration. Cela semble contre-intuitif – mais de nouveau, cela provient de la quantité de chaleur que vous générez. Si vous demandez à deux personnes qui ont des VO2 max différents de faire de l’exercice à 70 % de leur maximum, la personne la plus en forme physiquement pédalera ou courra plus vite, et générera de ce fait plus de chaleur. Ils transpirent plus, mais c’est parce qu’ils produisent plus de travail, et non à cause de certaines propriétés magiques du VO2 max en soi.

Pour conclure, si on essaye de savoir si l’on est susceptible de beaucoup transpirer un jour de grandes chaleurs, ou dans quelle mesure on va transpirer, les simples règles générales à propos de l’embonpoint et de la forme physique ne sont pas aussi utiles que cela. Au final, il y a tant de variabilité dans les réponses thermorégulatrices qu’il faut se reposer sur sa propre expérience et sur des tests simples comme se peser avant et après avoir couru pour avoir une idée de la quantité de fluides qui a été perdue.

Références :

[1] J Appl Physiol. 2015 ;119(9):982-9. Explained variance in the thermoregulatory responses to exercise : the independent roles of biophysical and fitness/fatness-related factors. Cramer MN, Jay O.

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