La montée de l’obésité chez les adolescents pourrait s’expliquer grâce à une étude sur 12 ans qui montre que le nombre de calories qu’ils brûlent pendant qu’ils sont au repos chute brutalement à la puberté, jusqu’à 500 calories.

Cette étude publiée dans l’International Journal of Obesity [1] a trouvé que quand ils atteignent l’âge de la puberté, les garçons et les filles vivent une baisse rapide du nombre de calories qu’ils ou elles brûlent – à un moment de leur vie où on aurait pu s’attendre à ce que le nombre de calories brûlées augmente au contraire à cause de la croissance.

Cette recherche de l’Université d’Exeter par le Professeur Terence Wilkin a trouvé que les adolescents de 15 ans utilisaient 400 à 500 calories de moins au repos par jour par rapport à l’époque où ils avaient 10 ans, une chute d’environ un quart. Mais à l’âge de 16 ans, leur dépense calorique commence à remonter de nouveau. En comparaison, un Big Mac de chez McDonalds contient 508 calories et il faudra une heure de Zumba pour brûler 500 calories par l’exercice. L’étude a aussi découvert que les adolescents faisaient moins de sport pendant la puberté, ce qui vient s’ajouter à l’excès de calories sous-jacentes à cette poussée d’obésité. Cette diminution de l’exercice est particulièrement prononcée chez les filles, dont le niveau d’activité chute d’environ un tiers entre 7 ans et 16 ans.

Cette découverte pourrait expliquer pourquoi les jeunes grossissent après la puberté. L’OMS considère l’obésité infantile comme un sérieux problème de santé publique à gérer pour le 21° siècle. Le Programme Britannique de Mesure des Enfants, qui mesure la taille et le poids d’environ un million d’enfants au Royaume-Uni chaque année, a trouvé qu’un tiers des 10-11 ans était en surpoids ou obèse.

Le Professeur Terry Wilkin de l’université d’Exeter déclare que l’obésité infantile, et le diabète qui lui est associé, sont parmi les plus grands défis sanitaires de notre époque. Les résultats de leur étude peuvent expliquer pourquoi les adolescents prennent du poids pendant la puberté, et cela pourrait permettre de cibler des stratégies en conséquence.

Nous dépensons des calories de deux façons : volontairement en pratiquant une activité physique ou en bougeant, et plus largement involontairement tout simplement en restant en vie. Le fait de penser, de maintenir le corps à sa température, de faire fonctionner ensemble le cœur, les reins et le foie utilise jusqu’à 1600 calories par jour pendant l’adolescence.

On pourrait s’attendre à ce que cette dépense involontaire augmente avec la croissance de la taille du corps, et parmi les enfants étudiés, la dépense calorique augmentait depuis l’âge de cinq ans, mais les chercheurs ont été surpris de voir que les enfants étudiés vivaient une baisse soudaine de leur dépense de calories pendant la puberté, depuis l’âge de 10 ans et au-delà. Cela était particulièrement étonnant car il s’agit d’une période de croissance rapide, et la croissance utilise pas mal de calories.

Pendant les 12 années de l’étude, entre 2000 et 2012, l’équipe de recherche a analysé des données recueillies sur presque 350 enfants notamment de Plymouth au Royaume-Uni. Les enfants ont été évalués tous les six mois entre leurs 5 et 16 ans, pendant lesquels des échantillons de sang ont été prélevés pour évaluer leur santé métabolique et des mesures de la taille, de la composition du corps, du taux métabolique et l’activité physique ont été faites. 279 enfants ont donné des données qui étaient exploitables.

Le fait de brûler des calories utilise une quantité fixe d’oxygène. La consommation d’oxygène des enfants au repos dans leur canapé a été mesurée sur une période de temps donnée afin de permettre aux chercheurs de calculer leur utilisation de calories à partir de l’oxygène qu’ils consommaient.

Le Professeur Wilkin avait déjà montré, dans le cadre d’une étude précédente, que les enfants étaient particulièrement sensibles à une prise de poids à deux étapes de leur vie : quand ils sont tous petits certainement à cause du choix alimentaire et de style de vie de leurs parents, et de nouveau à la puberté. Ce second pic ne s’expliquait pourtant pas. Or cette recherche montre que cela peut s’expliquer par une chute du nombre de calories que les adolescents brûlent au repos pendant la puberté.

Le Professeur Wilkin d’ajouter : “quand nous avons cherché une explication à cette augmentation de l’obésité à l’adolescence, nous avons été surpris de trouver une chute importante et inattendue du nombre de calories brûlées pendant le repos à la puberté. Nous pouvions seulement spéculer sur son explication, mais cela pouvait venir d’une caractéristique de l’évolution qui pourrait de nos jours contribuer à une augmentation dangereuse du poids des adolescents dans nos cultures dans lesquelles la nourriture est en abondance. Il se pourrait que nous ayons évolué pour préserver la quantité de calories afin de s’assurer qu’il y en ait suffisamment pour soutenir les changements corporels pendant la puberté, mais maintenant que nous avons assez de calories chaque jour à manger, cette baisse peut être synonyme d’excès de poids.”

Références :

[1] Evidence for energy conservation during pubertal growth : a 10-year longitudinal study (EarlyBird71). International Journal of Obesity. Mohammod Mostazir, Alison Jeffery, Jo Hsking, Brad Metcalf, Linda Voss, Terence Wilkin.

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