La grippe a des modes de transmission différents à travers le monde. Dans les régions tempérées (comme en France), le pic de grippe survient pendant la saison hivernale, alors que dans certaines régions tropicales, la fréquence de la grippe tend à correspondre à la saison des pluies.

Des chercheurs en ingénierie civile et environnementale et des virologues ont mesuré le taux de survie du virus de la grippe A dans différents niveaux d’humidité. Leur étude [1] montre une relation entre la viabilité du virus de la grippe A dans le mucus humain et l’humidité dans une large gamme d’humidités relatives, de 17% à 100%. Ils ont découvert que la viabilité du virus était plus élevée quand l’humidité était proche de 100% ou en dessous de 50%. Les résultats dans le mucus humains pourraient expliquer la saisonnalité de la grippe dans différentes régions.

“Nous avons ajouté des virus de grippe dans des gouttes de fluides respiratoires simulés et dans du vrai mucus humain, puis nous avons mesuré quelle fraction a survécu après une exposition à des humidités relatives faibles, moyennes et élevées” explique un chercheur.

À faible humidité, les gouttes respiratoires se sont complètement évaporées et le virus a bien survécu dans des conditions sèches. Mais à humidité modérée, les gouttes se sont quelque peu évaporées mais pas complètement, laissant le virus exposé à des niveaux plus élevés d’éléments chimiques dans le fluide, ce qui a compromis la capacité du virus à infecter les cellules.

Dans une étude passée, publiée dans le journal de la Royal Society [2], les chercheurs avaient collecté des échantillons provenant d’une salle d’attente d’un centre médical, de deux crèches et d’un centre de pédiatrie, ainsi que dans trois vols intérieurs. Les résultats ont montré que la concentration moyenne était de 16000 virus par mètre cube d’air, et la majorité des virus était associée à des particules fines, de moins de 2,5 micromètres, qui peuvent rester en suspension pendant des heures.

Des explications possibles de la saisonnalité de la grippe ont été étudiées, comme le retour des enfants à l’école, plus de temps passé par les individus à l’intérieur pendant l’hiver et les niveaux plus bas de lumière qui affectent le système immunitaire, sans qu’ils aient été définitivement et séparément incriminés. Mais contrairement à l’idée reçue largement répandue, ni le froid en soi ni les courants d’air ne sont responsables de la grippe.

Les chercheurs ont trouvé que l’humidité pouvait expliquer la saisonnalité de la grippe en contrôlant la capacité des virus à rester infectieux pendant qu’ils sont dans des gouttes ou des aérosols. Les virus survivaient mieux à faible humidité, comme celle que l’on trouve dans les maisons en hiver, ainsi qu’à des niveaux très élevés d’humidité. L’humidité modifie la composition du fluide, plus précisément les concentrations en sels et protéines des gouttes respiratoires, et cela affecte les taux de survie du virus de la grippe.

Références :

[1] Mechanisms by Which Ambient Humidity May Affect Viruses in Aerosols. Wan Yang, Linsey C. Marr. Appl. Environ. Microbiol. Oct. 2012, vol. 78, no. 19, pp 6781-6788.

[2] Concentrations and size distributions of airborne influenza A viruses measured indoors at a health centre, a day-care centre and on aeroplanes. Wan Yang, Subbiah Elankumaran, Linsey C. Marr. Journal of the Royal Society.

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