Une étude par IRM montre comment les aires du cerveau qui tempèrent l’agressivité se mettent en veille quand les gens boivent de l’alcool.

Des chercheurs ont eu recours à l’imagerie magnétique par résonance (IRM), qui mesure les flux de sang dans le cerveau, pour mieux comprendre pourquoi les individus deviennent souvent agressifs et violents après avoir bu de l’alcool. Après seulement deux verres, les chercheurs ont noté des changements dans le fonctionnement du cortex préfrontal du cerveau, la région qui est normalement impliquée pour tempérer les niveaux d’agressivité d’une personne. Ils ont publié l’objet de leur recherche dans le journal Cognitive, Affective, & Behavioral Neuroscience [1].

Selon la plupart des théories, l’agressivité associée à l’alcool est causée par des changements dans le cortex préfrontal. Cependant, il y a un manque de preuve substantielle en neuro-imagerie pour confirmer ces idées. Dans leur étude, les chercheurs ont recruté cinquante jeunes hommes en bonne santé. Les participants devaient boire soit deux verres de vodka soit deux boissons placébo sans alcool. Tout en étant sous IRM, ils devaient compléter une tâche qui est régulièrement utilisée ces 50 dernières années pour observer les niveaux d’agressivité en réponse à la provocation.

L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle a permis aux chercheurs de voir quelles régions du cerveau étaient stimulées quand la tâche était réalisée. Ils pouvaient aussi comparer la différence des scanners entre les participants qui avaient consommé de l’alcool et ceux qui n’en avaient pas bu. Le fait d’être provoqué a montré ne pas influencer les réponses neurales des participants. Cependant, quand ils se comportaient de manière agressive, il y avait une baisse de l’activité du cortex préfrontal dans les cerveaux de ceux qui avaient consommé les boissons alcoolisées. Cet effet d’étouffement a aussi été perçu dans les aires cérébrales qui sont impliquées dans la récompense. Une activité plus importante a aussi été notée dans l’hippocampe, la partie du cerveau associée à la mémoire.

“Bien qu’il y ait un effet d’étouffement global de l’alcool sur le cortex préfrontal, même avec une faible dose d’alcool, nous avons observé une relation positive importante entre l’activité du cortex préfrontal dorsomédial et dorsolatéral et l’agressivité associée à l’alcool,” explique l’auteur de l’étude. “Ces régions du cerveau pourraient supporter différents comportements, tels que l’attitude pacifique contre celle plus agressive, cela dépendant si la personne est sobre ou intoxiquée.”

Ces résultats sont en phase avec un corps de recherche croissant sur les bases neurales de l’agressivité, et comment elle est stimulée par des changements dans la façon dont le cortex préfrontal, le système limbique et les régions associées à la récompense du cerveau fonctionnent. Les résultats de cette étude sont aussi cohérents avec plusieurs théories psychologiques de l’agressivité liée à l’alcool.

“Il faudra faire des investigations futures à plus grande échelle sur les éléments neuraux sous-jacents à l’agressivité associée à l’alcool avec des doses plus fortes et des échantillons cliniques. Le fait de faire ceci pourrait éventuellement réduire substantiellement les torts causés par l’alcool,” concluent les chercheurs.

Références :

[1] Thomas F. Denson, Kate A. Blundell, Timothy P. Schofield, Mark M. Schira, Ulrike M. Krämer. The neural correlates of alcohol-related aggression. Cognitive, Affective, & Behavioral Neuroscience, 2018.

A lire également