Avant de plonger votre main dans ce bol de M&Ms pendant cette soirée, pensez à ce que vous êtes sur le point de faire. Et pensez-y beaucoup ! Une étude, publiée dans Science [1], a découvert que les personnes qui s’imaginent elles-mêmes en train de consommer des friandises en grand nombre en mangent moins dans la réalité quand elles en ont l’occasion. Ces résultats pourraient conduire vers le développement de nouvelles stratégies pour perdre ou contrôler son poids.

Le fait de photographier un aliment délicieux dans son esprit, comme un steak juteux ou une crème glacée, aiguise habituellement l’appétit. Mais qu’en est-il si vous vous visualisez en train de manger la glace entièrement, cuillère après cuillère ?

Il y a des raisons de penser que cela pourrait avoir l’effet opposé, explique Carey Morewedge, psychologue expérimentale à l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh. Des chercheurs ont trouvé qu’une exposition répétée à un aliment particulier, comme le fait de le manger bouchée après bouchée, réduisait le désir d’en consommer plus. Ce procédé, que les psychologues appellent l’accoutumance, amortit l’appétit indépendamment des signaux psychologiques tels qu’une augmentation des niveaux de sucre dans le sang, ou un estomac agrandi. Mais personne n’avait cherché à savoir si le fait de simplement imaginer manger avait le même effet.

Pour le savoir, Morewedge et ses collègues ont nourri 51 étudiants de M&Ms et de cubes de fromages. Dans l’une des expériences, les participants ont d’abord imaginé qu’ils réalisaient 33 mouvements répétitifs : la moitié a imaginé qu’ils mangeaient 30 M&Ms et qu’ils inséraient 3 pièces de monnaies dans la fente d’une machine à laver.

L’autre moitié s’est imaginé manger trois M&Ms et insérer 30 pièces dans une machine. Puis, tous les participants ont été autorisés à manger leur bol rempli de M&Ms. Ceux qui s’étaient imaginés manger plus de bonbons ont mangé environ 3 M&Ms en moyenne (ou 2,2 grammes), tandis que les autres ont mangé environ 5 M&Ms (ou 4,2 grammes).

Les chercheurs ont alors élargi leurs résultats à un autre groupe d’aliments, le fromage. Tout comme avec l’expérience des M&Ms, les gens qui avaient imaginé manger 30 cubes de fromage en ont moins consommé dans la réalité. Mais les volontaires qui ont imaginé qu’ils mangeaient 30 M&Ms ont mangé la même quantité de fromage que ceux qui avaient imaginé qu’ils mangeaient 3 M&Ms. Ainsi, l’effet d’accoutumance est spécifique au type d’aliment imaginé.

Dans les questionnaires, les sujets ont rapporté que l’imagerie mentale ne diminuait pas leur appréciation d’un aliment particulier. Mais une expérience finale, dans laquelle ils jouaient à un jeu sur ordinateur pour gagner des cubes de formage, suggérait que l’imagerie mentale pouvait réduire l’effort des individus pour obtenir à manger.

Les résultats auront des applications pratiques. L’une des stratégies possible, pour ceux qui font attention à leur poids, pourrait être de passer quelques minutes avant chaque repas à s’imaginer manger les aliments qu’ils sont sur le point de consommer. Ce genre d’exercice mental pourrait aussi aider à contrer les fringales soudaines entre les repas.

Ironiquement, ajoute Morewedge, de nombreux régimes pressent les gens à supprimer de leur pensées les aliments qu’ils désirent. Cela ne fonctionne habituellement pas. Enfin, les chercheurs ont prévu d’autres études pour étudier le potentiel de la consommation imaginée afin d’aider les gens à contrôler leur appétit.

Références :

[1] Thought for Food : Imagined Consumption Reduces Actual Consumption. Carey Morewedge, Young Eun Huh, Joachim Vosgerau. Science 10 Dec 2010 : 1530-1533.

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