Les professionnels de la santé disent souvent : “ne regardez pas et vous ne sentirez rien” avant d’administrer une injection à leur patient, mais ce conseil a-t-il des fondements scientifiques ? Un groupe de scientifiques Allemands a trouvé qu’en fait votre expérience passée avec les seringues, ajoutée à l’information que vous recevez avant la piqûre, forme votre expérience de la douleur. Expérience publiée dans le journal Pain [1].

“Durant toute notre vie, nous expérimentons plusieurs fois la douleur des aiguilles d’une injection quand celle-ci pénètre notre peau, mais les attentes en situation, telle que l’information donnée par le médecin/infirmier avant la piqûre, pourrait aussi influencer comment le fait de voir l’aiguille de la piqûre modifie la douleur” explique Marion Höfle, l’auteure principale de l’étude.

Pendant qu’ils regardaient une vidéo montrant une aiguille qui pénètre une main, un coton-tige touchant une main, ou une main seule, des participants de l’étude ont reçu simultanément un stimulus douloureux ou non douloureux appliqué sur leur propre main. Les vidéos étaient présentées sur un écran situé juste au-dessus de la main des participants, donnant l’impression que la main sur l’écran leur appartenait.

Les participants ont rapporté que leur douleur était plus intense et plus désagréable quand ils ont vu une aiguille qui perçait une main que quand ils voyaient la main seule. En outre, le fait d’observer l’aiguille qui perçait augmentait le désagrément de la douleur, comparé à la situation dans laquelle ils voyaient le toucher par le coton-tige.

Ces résultats étaient renforcés par l’activité accrue du système nerveux autonome, mesuré par les réactions de dilatation de la pupille. Ceci démontre que les expériences précédentes de la douleur avec des aiguilles augmentaient le caractère désagréable de la douleur quand ils regardaient les aiguilles qui pénétraient la peau.

Les attentes en situation influençaient aussi l’intensité de la douleur perçue. Avant la stimulation, on a dit aux participants que la vidéo soit avec l’aiguille soit avec le coton-tige était plus susceptible d’être associée à la stimulation électrique douloureuse qu’avec la non-douloureuse.

Les chercheurs ont découvert que la présentation des petits films qui étaient les plus susceptibles de se voir associés à la douleur, conduisaient à des expériences de douleur plus intense que la présentation des vidéos qui étaient moins susceptibles d’être associées à la douleur. Cela montre que les attentes concernant la douleur des traitements médicaux influence l’intensité de la douleur que le traitement produit en fin de compte.

Considérées ensembles, ces études révèlent d’importants résultats. “Les cliniciens devraient être formés pour donner une information qui puisse réduire les attentes des patients à propos de la force d’une douleur à venir avant une injection” note Höfle. Elle déclare en outre que “parce que le fait de voir une aiguille qui pénètre conduit à une perception augmentée de la douleur, tout comme à une activité plus importante du système nerveux autonome, nous avons apporté des preuves empiriques en faveur du conseil commun qui est de ne pas regarder l’aiguille qui vous perce quand vous recevez une piqûre.”

Références :

[1] Viewing a needle pricking a hand that you perceive as yours enhances unpleasantness of pain. PAIN, Volume 153, Issue 5, 2012, pp 1074-1081. Marion Höfle, Michael Hauck, Andreas K. Engel, Daniel Senkowski.

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