Une quantité insuffisante de sommeil et des troubles du sommeil non traités augmentent le risque de problèmes métaboliques, y compris l’obésité et le diabète. Mais est-ce que le fait de dormir plus les weekends suffit à réduire ces risques ? La réponse, d’après les chercheurs, est “non” [1].

“Le message à retenir de cette étude est que les espoirs de récupérations récurrentes ou de ’rattrapage’ les weekends ne constituent pas une stratégie efficace pour contrecarrer le déficit de sommeil induisant des ruptures du métabolisme,” explique Kenneth Wright de l’Université de Colorado Boulder.

Les gens dorment souvent plus les week-ends que la semaine. Pourtant, on ne savait pas encore comment le fait de revenir à une durée de sommeil insuffisante pendant la semaine de travail, après un weekend de récupération, influençait la santé métabolique d’un individu.

Pour le savoir, des chercheurs ont fait appel à des jeunes adultes. Chaque participant a été réparti au hasard dans l’un des trois groupes. Le premier groupe dormait beaucoup, 9 heures, chaque nuit pendant neuf nuits. Le second ne dormait que 5 heures par nuit sur la même période. Enfin, le troisième a dormi 5 heures pendant cinq jours suivi d’un weekend pendant lequel ils pouvaient dormir autant qu’ils le voulaient avant de revenir à 2 jours de sommeil restreint.

Dans les deux groupes dont le sommeil était limité, un sommeil insuffisant a provoqué une augmentation du grignotage après les repas et à une prise de poids. Pendant les weekends de récupération du troisième groupe, les participants dormaient en moyenne une heure de plus qu’ils l’auraient habituellement fait. Ils ont aussi consommé moins de calories supplémentaires après le diner que ceux qui ne dormaient pas assez.

Cependant, quand ils revenaient à une durée de sommeil insuffisante après le weekend, leur horloge corporelle circadienne était décalée. Ils ont aussi mangé plus après le diner car ils continuaient à grossir.

La restriction de sommeil dans le premier groupe de participants était associée à une réduction de la sensibilité à l’insuline d’environ 13 %. Mais le groupe qui pouvait dormir plus le weekend a encore affiché une sensibilité à l’insuline réduite le weekend. La sensibilité à l’insuline de leurs corps, foie et muscles a diminué de 9 % à 27 % après qu’ils soient revenu à une durée de sommeil insuffisante, une fois le week-end terminé.

“Nos résultats montrent que la sensibilité spécifique des muscles et du foie à l’insuline était pire chez les sujets qui avaient eu un week-end de récupération,” disent les chercheurs, en notant que ces aberrations métaboliques se retrouvaient chez les gens qui dormaient toujours le moins. “Ces résultats n’avaient pas été anticipés et ils ont montré que le sommeil de ’récupération’ des week-ends n’était pas un moyen efficace de contrecarrer le manque de sommeil en ce qui concerne la santé métabolique lorsque ce déficit est chronique.”

Les chercheurs recommandent de dormir 7 heures ou plus par nuit pour les adultes pour une santé optimale. Les résultats de cette étude viennent s’ajouter aux autres preuves ayant montré que le manque de sommeil est un facteur de risque pour les troubles métaboliques. Elle a aussi montré que le fait d’essayer de rattraper ce déficit de sommeil les weekends ne sert à rien.

Les chercheurs précisent qu’il n’a pas encore été clairement montré si une récupération du sommeil pouvait être efficace pour contrecarrer les effets d’un déficit de sommeil réduit, c’est-à-dire d’une ou deux nuits par semaine seulement. Ils espèrent pouvoir étudier cela plus en détail dans les études à venir.

Références :

[1] Current Biology, Depner et al. : Ad libitum Weekend Recovery Sleep Fails to Prevent Metabolic Dysregulation during a Repeating Pattern of Insufficient Sleep and Weekend Recovery Sleep.

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