Comment le fait de croire que les aliments que l’on mange sont sains influence la perception de la satiété.

Le fait de trop manger est l’une des principales causes de l’obésité. Une étude publiée dans le Journal of the Association for Consumer Research [1], a étudié précisément la surconsommation d’aliments “sains” que les consommateurs perçoivent souvent comme étant moins rassasiants. Les chercheurs ont trouvé des preuves pour confirmer leur hypothèse selon laquelle quand les gens mangent ce qu’ils considèrent comme étant des aliments bons pour la santé, ils en mangent plus que les portions recommandées car ils considèrent que ces aliments “sains” sont moins nutritifs.

La recherche a utilisé une approche multi-méthode pour étudier l’intuition “sain = moins rassasiant”. La première étude a été dirigée avec 50 étudiants dans une grande université publique et a utilisé le test bien connu de “l’Association Implicite” pour fournir des preuves d’une relation inverse entre les concepts “d’alimentation saine” et de “nourrissant”. La seconde étude, conduite sur 40 personnes, était un domaine d’étude qui visait à mesurer les niveaux de faim des participants après avoir consommé un cookie qui est soit considéré comme sain soit comme de la malbouffe, pour tester les effets de ces deux interprétations sur les niveaux de la faim ressentis. La troisième étude a été réalisée sur 72 individus, dans un scénario réaliste, pour mesurer l’impact de la perception d’un aliment considéré comme “sain” sur la quantité de nourriture commandée avant de visionner un film et la quantité consommée pendant le film. L’ensemble de ces trois études converge vers l’idée que les consommateurs ont une croyance implicite selon laquelle les aliments “sains” sont moins nutritifs que les aliments mauvais pour la santé.

Plus précisément, les chercheurs ont démontré que le fait de considérer un aliment comme sain, contrairement à celui qui est catalogué comme mauvais à la santé, comme cela pourrait être par exemple le cas avec un emballage qui indique la catégorie du produit sur une échelle nutritionnelle donnée, impacte le jugement et le comportement du consommateur. Quand un aliment est décrit comme sain, contrairement à ceux décrits comme mauvais pour la santé, les consommateurs rapportent avoir moins faim après l’avoir consommé, mais ils commandent des portions plus importantes de cet aliment, et en consomment des quantités supérieures.

Étonnamment, même les consommateurs qui disent ne pas être d’accord avec l’idée que les aliments “sains” sont moins rassasiants que les aliments mauvais à la santé sont pourtant sujets aux mêmes biais. En outre, les chercheurs ont introduit une nouvelle tactique visant à inverser les habitudes de suralimentation des consommateurs vis-à-vis des aliments considérés comme sains : ils insistent sur les aspects nourrissants/nutritifs des aliments sains, plutôt que sur la croyance en leur pouvoir moins rassasiant.

Ces travaux s’ajoutent aux autres sur les causes psychologiques de la prise de poids et de l’obésité, et ils donnent un moyen d’inverser les effets pernicieux de l’hypothèse “sain = moins rassasiant”. Plus précisément, ces résultats montrent que la récente prolifération des étiquettes d’aliments sains pourrait ironiquement contribuer à l’épidémie d’obésité plutôt que de la réduire. Les consommateurs peuvent utiliser cette prise de conscience pour éviter de trop manger des aliments présentés comme sains, et chercher les aliments qui sont décrits comme nourrissants quand ils ont faim sans se suralimenter.

Références :

[1] Suher Jacob, Raj Raghunathan, Wayne Hoyer. Eating Healthy or Feeling Empty ? How the “Healthy = Less Filling” Intuition Influences Satiety. The Journal of the Association for Consumer Research, 2015.

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