Il y a de plus en plus de preuves qui montrent que le fait de faire de l’exercice très intense peut être cardiotoxique et que cela favorise l’apparition de modifications dans le cœur qui peuvent, chez certaines personnes, les prédisposer à souffrir d’arythmie (un rythme cardiaque anormal). Une analyse publiée dans le Canadian Journal of Cardiology [1] explore les controverses actuelles et démontre la nécessité de faire des études plus grandes sur les effets de l’exercice intense sur la structure et le fonctionnement du cœur.

Il est indéniable qu’il est bénéfique pour la santé de ne pas être sédentaire. Cependant, il y a aussi des preuves qui confirment l’association entre la pratique sportive à long terme et une augmentation de la fréquence de fibrillation atriale, et le fait que ceci soit associé à un substrat atrial chroniquement altéré. Sans remettre en cause les preuves indéniables qui montrent que le fait de faire de l’exercice à intensité faible ou modérée est bénéfique, cette revue du cardiologue André La Gerche apporte de l’eau au moulin au débat sur les éléments qui vont contre le concept selon lequel l’exercice intense, et notamment l’endurance intensive, peut causer des effets cardiaques délétères chez certains sportifs.

“La plupart des débats concernant les risques relatifs et les bénéfices à long terme des sports d’endurance sont récupérés par des déclarations médiatiques et définitives, qui ont alimenté un environnement dans lequel quiconque critique les bénéfices de l’exercice est montré du doigt,” explique La Gerche. “Cet article scientifique évoque la science discutable, incomplète et controversée sous-jacente au problème selon lequel des niveaux d’exercice intenses pourraient être associés à des effets secondaires négatifs pour la santé.”

Comme le chercheur le fait remarquer, toutes les thérapies disponibles, pharmacologiques ou autres, ont une relation dose-réponse par lesquelles les bénéfices diminuent à hautes doses et où le risque d’accidents défavorables augmente. Un esprit ouvert considérerait que ceci peut aussi être possible avec l’exercice physique.

L’un des points les plus partagés est que les accidents cliniques défavorables chez les athlètes s’expliquent par l’exercice qui agirait comme un élément déclencheur chez des individus déjà exposés parce qu’ils seraient porteurs d’une anomalie sous-jacente. Le Dr La Gerche exclut les conditions héritées de son article, en se concentrant plutôt sur le fait que l’exercice peut affecter une modification qui puisse servir de cause d’arythmie en soi. Il passe en revue les controverses suivantes :

 Y a-t-il une relation non linéaire dose-réponse avec l’exercice physique ?

 Les athlètes de haut niveau tendent à vivre plus longtemps, mais est-ce l’effet de l’exercice ou d’autres facteurs comme l’absence de tabagisme et de consommation d’alcool ?

 Est-ce que l’exercice d’endurance est associé aux arythmies chez les athlètes ?

 Quels sont les mécanismes potentiels qui prédisposent les athlètes aux arythmies ?

 Est-ce que le “réagencement” cardiaque chronique est une conséquence de sessions répétées de blessures ?

 Pourquoi y a-t-il des blessures disproportionnées sérieuses du ventricule droit après une séance intensive d’exercices et y a-t-il des conséquences à long terme ?

 Est-ce que le risque de maladie cardiaque ischémique augmente avec l’exercice intense ?

Beaucoup de ces controverses reposent sur des études de cohortes transversales et des petites études mécaniques qui sont éclipsées par les grandes études de population qui confirment les bénéfices de l’exercice, bien que dans des doses d’exercice moindres que celles habituellement pratiquées par les sportifs de haut niveau, note La Gerche.

“Les réponses concernant le caractère sain de l’exercice physique “extrême” ne sont pas complètes et il y a des questions pertinentes qui émergent,” dit La Gerche. “Étant donné que ceci est un problème qui touche une large proportion de la société, c’est quelque chose qui mérite un certain investissement. Le manque d’études prospectives de grande ampleur sur des personnes qui font de l’exercice dans des volumes et des intensités importants représente l’une des plus grandes faiblesses de la littérature scientifique à ce jour, et, bien qu’un tel travail soit un défi logistique et financier conséquent, de nombreuses questions resteront à l’état de controverses jusqu’à ce que de telles données apparaissent.”

Références :

[1] The Potential Cardiotoxic Effects of Exercise. André La Gerche, Canadian Journal of Cardiology.

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