Des chercheurs de l’Université Yeshiva de New York ont montré que les joueurs de football qui font souvent des têtes ont des anomalies cérébrales qui ressemblent à celles que l’on retrouve chez les patients atteints de traumatismes (traumatisme cérébral léger). L’étude a utilisé des techniques d’imagerie avancées et des tests cognitifs pour évaluer la mémoire, et a été publiée dans le journal Radiology [1].

“Nous avons étudié les footballeurs parce que le football est un sport très populaire” dit le Dr Michael Lipton. “Le football est joué par des individus de tous âges, et il y a quelques soucis concernant le fait de faire des têtes avec le ballon, qui est un des composants clé de ce sport, mais qui pourrait endommager le cerveau.”

En moyenne, les joueurs de football frappent le ballon avec la tête de 6 à 12 fois par match, où le ballon peut voyager à des vitesses de plus de 80 km/h. Pendant les entrainements, les joueurs frappent environ 30 fois (voire plus) le ballon avec leur tête. L’impact d’une seule tête n’est pas susceptible de causer des dommages traumatiques au cerveau telles que des déchirures des fibres nerveuses. Mais les scientifiques s’inquiètent des dégâts cumulés causés par des impacts sous-traumatiques répétés qui peuvent être cliniquement importants. “Des têtes répétées peuvent provoquer une cascade de réactions qui conduisent à une dégénérescence des cellules cérébrales avec le temps” note le Dr Lipton.

Pour étudier les blessures éventuelles causées par les têtes, les chercheurs ont eu recours à l’imagerie par tenseur de diffusion, qui est une technique d’imagerie avancée, sur 37 joueurs de foot amateurs (âgés en moyenne de 31 ans) qui jouaient tous au football depuis leur enfance. Les participants ont rapporté qu’ils jouaient au foot depuis 22 ans en moyenne et qu’ils avaient joué 10 mois en moyenne l’année passée. Les chercheurs ont classé les joueurs selon leur fréquence des têtes, et ont comparé les images cérébrales de ceux qui en faisaient le plus avec le reste du groupe. Tous les participants ont aussi passé des tests cognitifs.

L’imagerie a “vu” les mouvements des molécules d’eau à l’intérieur et le long des axons, les fibres nerveuses qui constituent la matière blanche du cerveau. Cette technique d’imagerie a permis aux chercheurs de mesurer l’uniformité des mouvements d’eau à travers le cerveau. Les anomalies de la matière blanche indiquent des dommages aux axons et ont été associés dans le passé à des problèmes cognitifs chez les patients touchés par un traumatisme cérébral.

“Les résultats tirés de l’imagerie cérébrale qui se rapportaient à ceux qui faisaient le plus souvent des têtes dans notre étude a montré des anomalies identiques de la matière blanche à celles qu’on retrouve chez les patients atteints de traumatismes” dit le Dr Lipton. “Les footballeurs qui font des têtes au-delà d’un seuil situé entre 885 et 1550 fois par an ont des dégâts cérébraux sur la matière blanche de trois aires cérébrales temporo-occipitales”. Les joueurs qui faisaient plus de 1800 têtes par an étaient aussi plus susceptibles d’avoir une mauvaise mémoire comparés aux participants qui en faisaient moins.

“Notre étude montre que les modifications cérébrales ressemblent aux traumatismes cérébraux légers qui sont associés aux têtes fréquentes des footballeurs sur plusieurs années” dit Lipton. “Alors qu’il faudrait plus de recherches, nos résultats suggèrent que le fait de contrôler la quantité de têtes que feront les footballeurs pourrait prévenir les blessures cérébrales dont les têtes semblent être la cause”.

Références :

[1] Soccer heading is associated with white matter microstructural and cognitive abnormalities. Radiology.

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