Des chercheurs de l’Université Carnegie Mellon ont identifié un marqueur biologique dans le système immunitaire qui, à partir de l’âge de 22 ans, prédit notre aptitude à lutter contre le rhume.

Publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) [1] et dirigée par Sheldon Cohen, l’étude a découvert que la longueur des télomères, qui sont ces protéines protectrices en forme de couvercle au bout des chromosomes, est un indicateur de la résistance des voies respiratoires aux infections chez les jeunes adultes et vers la quarantaine. La longueur des télomères est un biomarqueur de la vieillesse ; les télomères raccourcissent quand on vieillit.

Quand une cellule de télomère se raccourcit, elle perd de ses capacités à fonctionner normalement, et meurt éventuellement. Le fait d’avoir des télomères plus courts est associé à l’apparition précoce de maladies relatives à la vieillesse comme des maladies cardiovasculaires et le cancer, et avec la mortalité chez les adultes les plus vieux. Jusqu’à maintenant, on ne savait cependant pas si la longueur des télomères jouait un rôle dans la santé des jeunes ou des adultes quadragénaires.

“Nos travaux suggèrent la possibilité que la longueur des télomères soit un marqueur relativement cohérent pendant la vie, et qu’elle soit en mesure de prédire la susceptibilité vis-à-vis d’une maladie chez les jeunes adultes” dit Cohen. “Nous savions que les individus vers 60 ans et plus qui ont des télomères plus courts, avaient un plus grand risque de maladie et de mortalité. Nous savions aussi que des facteurs autres que l’âge, comme le stress chronique et des comportements malsains vis-à-vis de sa santé, étaient associés à un raccourcissement des télomères chez les personnes âgées. En conséquence, nous espérions que les individus les plus jeunes auraient des différences de longueur de leurs télomères, et nous voulions voir ce que cela signifierait pour leur santé”.

Cohen et son équipe ont mesuré la longueur des télomères des globules blancs de 152 volontaires en bonne santé et âgés entre 18 et 55 ans. Ces individus ont ensuite été exposés à un rhinovirus, qui cause le rhume, et mis en quarantaine pendant cinq jours pour voir s’ils allaient réellement développer une infection.

Les résultats ont montré que les participants avec les télomères les plus courts étaient plus susceptibles d’être infectés par le virus du rhume. En outre, bien qu’il n’y ait aucune relation entre la longueur des télomères et l’infection chez les participants les plus jeunes (âgés de 18 à 21 ans), à partir de 22 ans environ, la longueur des télomères commençait à indiquer si les individus développaient une infection.

De plus, la longueur des télomères d’un certain type de globules blancs, la cellule T-cytolytique CD8CD28, était un indicateur d’infection et de symptômes du rhume supérieur aux autres types de globules blancs. Les télomères trouvés dans les cellules CD8CD28 se raccourcissaient plus vite que celles trouvées dans les autres types de cellules, et des recherches antérieures ont trouvé que des télomères de longueur plus courte étaient associés à une réduction des marqueurs de compétence immunitaire.

“Ces cellules sont importantes pour éliminer les cellules infectées, et celles qui ont des télomères plus courts dans la population des cellules CD8CD28, qui pourraient être plus risquées pour l’infection parce qu’elles ont moins de cellules fonctionnelles disponibles pour réagir au virus du rhume” dit Cohen. “La capacité supérieure des cellules cytolytiques CD8CD28 à prédire l’infection nous donne une idée des cellules sur lesquelles se focaliser pour des travaux futurs, et comment la longueur des télomères influence la réaction du système immunitaire face à l’infection et aux autres défis immunitaires”.

Cohen ajoute : “l’augmentation de l’importance de la longueur des télomères avec l’âge est probable parce que les participants les plus jeunes ont beaucoup moins de télomères très courts, ou que leurs jeunes systèmes immunitaires sont en mesure de compenser la perte des cellules efficaces”.

Il ajoute qu’il s’agit d’une recherche préliminaire et que d’autres travaux à venir avec d’autres virus et des infections naturelles permettront de clarifier ses implications.

Références :

[1] Association Between Telomere Length and Experimentally Induced Upper Respiratory Viral Infection in Healthy Adults. Sheldon Cohen, Denise Janicki-Deverts, Ronald B. Turner, Margaretha L. Casselbrant, Ha-Sheng Li-Korotky, Elissa S. Epel, William J. Doyle, JAMA. 2013 ;309(7):699-705.

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