De nouveaux aperçus sur la lutte globale visant à prévenir des cancers ont été présentés pendant le Congrès 2012 de l’ESMO (European Society for Medical Oncology – Société Européenne d’Oncologie Médicale) à Vienne. Les études ont notamment insisté sur les défis de triompher des malentendus à propos de l’importance des facteurs du style de vie sur la réduction du risque de cancer.

“Ces études mettent l’accent sur le fait qu’une large proportion de la population Européenne n’aime pas particulièrement l’idée de sa ’propre responsabilité’ pour éviter les cancers personnels, c’est-à-dire le fait de changer leurs habitudes et donc en conséquence de style de vie. Plutôt, ils blâment la génétique et la société comme cause du cancer” dit le Professeur Hans-Jörg Senn, Président de la Faculté de Prévention du Cancer de l’ESMO.

“Augmenter la prise de conscience de l’importance de la prévention de base du cancer représente un énorme problème politique de santé pour le futur” dit le Professeur Senn. “Si nous ne réussissons pas véritablement et significativement à diminuer la fréquence des types de cancer majeurs, comme les cancers gastro-intestinaux ou du sein dans nos sociétés vieillissantes, nous creuserons les déficits à cause d’une augmentation drastique de la charge financière pour des traitements et des soins toujours plus nécessaires, à côté des pertes estimées des capacités de travail et des souffrances humaines”.

L’étude révèle qu’il existe une certaine confusion à propos des facteurs de risque du cancer : les vêtements serrés n’augmentent pas le risque de cancer, mais l’obésité si. De nombreuses personnes sont fortement désinformées sur l’importance que le style de vie joue dans leur risque de développer un cancer.

Une large proportion de gens surestime le risque de cancer attribuable à la génétique, dit le Dr Derek Power, oncologue à l’Université Cork et Mercy en Irlande. D’un autre côté, nombreux sont ceux qui sous-estiment les risques de cancer associés à l’obésité, à l’alcool et à l’exposition au soleil.

“De nombreux mythes entourant le risque de cancer sont toujours aussi populaires” dit le Dr Power, auteur de l’étude. “Par exemple, de nombreuses personnes croient faussement qu’un coup à la poitrine, que le stress, que porter des vêtements serrés, que l’utilisation des téléphones portables, que les aliments génétiquement modifiés et que les aérosols sont des facteurs de risque importants de cancer”.

Power et ses collègues ont utilisé une enquête consistant en 48 questions pour évaluer la connaissance sur les risques de cancer dans la population. Globalement, 748 personnes ont participé, dont 126 qui ont déclaré être des professionnels de la santé.

“90% des personnes, y compris les professionnels de la santé, croyaient que la génétique augmentait ’fortement’ le risque” dit Power. “Plus d’une personne sur quatre croyait que plus de 50% des cancers étaient génétiques. 15% des gens sondés croyaient que le risque de cancer dans la vie n’était pas modifiable.”

Ces erreurs doivent être traitées à la base si l’on veut réduire les taux de cancer, disent les chercheurs.

“Cette désinformation doit être combattue par des campagnes sanitaires de promotion, qui accentueront le fait que l’alimentation et le style de vie, comme le tabagisme, comptent pour 90-95% des cancers” dit-il. “Seuls 5 à 8% des cancers, dépendant de la localisation du cancer, sont dus à un gène hérité”.

Quand on leur demande comment réduire ce risque, ils sont 27% à répondre que les régimes “détox” pourront les aider et 64% croient que la nourriture biologique est un élément protecteur. La recherche n’a jamais démontré que l’une ou l’autre de ces méthodes est efficace contre le cancer. Pendant ce temps, 28% ne sont pas conscients que les légumes et fruits surgelés sont aussi bons que les frais, et 41% ignorent le lien existant entre la viande rouge et le cancer. Pourtant, 86% savent que la viande transformée (charcuterie) est un facteur de risque, et 46% étaient conscients que trop de sel pose un risque.

La consommation modérée d’alcool et le cancer : le rôle des mauvais comptes-rendus

Une grande étude de cohorte ayant rassemblé 129987 personnes aux États-Unis, suggère que le risque apparent d’augmentation du risque de cancer chez les buveurs légers ou modérés l’alcool est en réalité dû à un compte-rendu minimisé de la consommation.

Bien que les experts soient d’accord sur le fait qu’une importante consommation d’alcool est associée à une augmentation du risque de plusieurs types de cancers, le rôle d’une consommation légère à modérée n’est pas clair, dit le Dr Arthur Klatsky. Certaines études ont montré qu’il y avait une connexion, alors que d’autres n’ont rien trouvé.

Les résultats d’une nouvelle analyse suggèrent que toute relation apparente entre le risque de cancer et le fait de boire légèrement ou modérément, c’est-à-dire jusqu’à 2 verres de taille standard par jour pour les hommes et un verre pour les femmes, pourrait être un artéfact dû à une minimisation dans les comptes-rendus, i.e. les sujets mentaient sur leur consommation réelle d’alcool.

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