La participation à un marathon et à un semi-marathon est un événement fort, mais de nombreux comptes-rendus d’arrêts cardiaques associés à une de ces courses ont remis en question la sécurité de cette activité. Une étude vient cependant de découvrir que le fait de participer à un marathon est en fait associé à un risque relativement faible d’arrêt cardiaque, notamment comparé à d’autres formes de sports.

Une analyse des données sur 10 ans, publiée dans le New England Journal of Medicine [1], révèle que la plupart de ces crises cardiaques vécues pendant des marathons et semi-marathons provenaient d’anomalies cardiaques préexistantes mais non diagnostiquées. Les participants masculins aux marathons comptent pour la plupart de ces arrêts cardiaques et semblent constituer un groupe à risque en augmentation. L’étude a aussi identifié que le massage cardiaque constitue un élément clé pour la survie d’un patient.

“Cette étude apporte une caractéristique élargie du risque d’arrêt cardiaque et de la crise cardiaque soudaine dans cette population” dit le Dr Aaron Baggish, auteur de l’étude. “Le consensus général – basé sur une couverture médiatique intense des arrêts cardiaques qui survenaient pendant ces courses – était que le risque était très élevé. Mais nous avons découvert que le risque de crise cardiaque chez les coureurs de marathon ou de semi-marathon est égal ou plus faible que le même risque chez d’autres athlètes – comme les triathlètes, les sport études et les coureurs occasionnels. Ces résultats rassurent en montrant que c’est généralement une activité sûre et bien tolérée.”

Les auteurs notent que tandis que plusieurs études ont examiné les décès par arrêts cardiaques soudains chez des jeunes athlètes pendant la compétition, il n’y avait pas de connaissance approfondie des participants aux marathons, qui sont souvent plus vieux et qui pourraient avoir un problème médical sous-jacent inconnu. Ils ont ensuite réuni une base de données des cas de crise cardiaque survenus pendant, ou sur la ligne d’arrivée de, tous les marathons et semi-marathons des États-Unis entre l’année 2000 et le milieu de 2010.

Des courriers ont été envoyés à ceux qui ont survécu à ces arrêts cardiaques – ou à un parent proche du défunt – requérant leur participation à l’étude. Ceux qui ont accepté ont eu une entrevue approfondie pour examiner les données démographiques, le passé personnel et médical familial, les facteurs de risques cardiaques ou les diagnostics antérieurs, et toute information sur l’événement cardiaque. Les enregistrements médicaux complets comprenant les examens après la crise cardiaque et les données de l’autopsie ont été collectés et analysés quand c’était possible.

Sur presque 11 millions de participants enregistrés dans les courses documentés sur la période de l’étude, l’équipe de recherche a identifié 59 arrêts cardiaques – 40 lors de marathons et 19 pendant des semi-marathons. Plus de 85% de ces crises cardiaques sont survenues chez des hommes. Alors que l’incidence globale des arrêts cardiaques pendant la période de l’étude était stable, le risque parmi les hommes marathoniens augmentait significativement avec le temps. Sur les 59 arrêts cardiaques, 42 ont été fatals. Cette mortalité de 71% est nettement meilleure que le taux habituel de 92% des crises cardiaques hors des hôpitaux, probablement parce que la présence de spectateurs et de services médicaux sur place a permis une réaction rapide.

Parmi les 31 coureurs touchés pour lesquels des données médicales détaillées étaient disponibles, 23 sont décédés, dont 15 avaient une cardiomyopathie hypertrophique déterminée ou probable. Cet épaississement anormal du muscle cardiaque est la cause la plus fréquente de décès par crise cardiaque chez les jeunes athlètes, mais n’a pas été considérée comme un problème dans la population des coureurs plus âgés. Neuf de ceux qui sont morts avaient d’autres anomalies cardiaques. Parmi les survivants, la pathologie dominante était une cardiopathie coronarienne sous-jacente, mais aucun participant avec cette maladie ne possédait d’élément d’une rupture de la plaque coronaire. Les facteurs les plus fortement associés à la survie étaient une rapide intervention des spectateurs et témoins par massage cardiaque, pour ceux qui ne souffraient pas de cardiopathie coronarienne.

“L’absence de rupture de la plaque – événement critique dans la plupart des attaques cardiaques – était une découverte intrigante et surprenante” dit le chercheur. “Cela suggère que le type de maladie sous-jacent, cause de l’arrêt cardiaque chez les coureurs de longues distances, pourrait être détectable grâce à un simple test avant le jour de la course. La prochaine étape sera d’étudier des stratégies dans la formation des coureurs avant une course, et un examen pour étudier plus en détail les facteurs de risque précis.”

Références :

[1] Cardiac Arrest during Long-Distance Running Races. New England Journal of Medicine, 2012 ; 366:130-140.

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