Une recherche sur le vieillissement montre que la force de la poigne peut être l’un des moyens les plus utiles pour mesurer l’âge réel.

Différentes mesures d’aptitudes physiques peuvent être évaluées pour déterminer l’âge de quelqu’un comme sa vitesse de déplacement en marchant, son équilibre debout ou encore la vitesse à laquelle il se lève depuis une position assise. Mais cette dernière étude a découvert que la force de la poigne, qui est une mesure de la force qui a déjà largement été étudiée, est un bon indicateur constant de la mortalité future ainsi que de la vulnérabilité face à la maladie.

Les mesures conventionnelles et numériques de l’âge sont trompeuses. La référence la plus souvent citée sur le sujet, l’Étude des Nations Unies sur la Population Mondiale de 2013 [1] donne des mesures de l’âge pour tous les pays en utilisant des estimations de 1950 à 2010 et des prévisions jusque 2100. Elle catégorise les individus comme “vieux” quand ils ont atteint leur soixantième anniversaire. Mais un habitant du Zimbabwe en 1950 avait probablement des caractéristiques très différentes de celles qu’aura un français de 60 ans en 2100.

Avec le temps, les gens dans la soixantaine et au-delà profitent généralement du prolongement de l’espérance de vie, jouissent d’une meilleure santé, d’un meilleur état cognitif et de moins d’handicaps et infirmités sérieux. Le fait d’ignorer ces changements de caractéristiques des individus avec le temps ainsi que les différences entre les pays, comme le fait l’étude des Nations Unies ou d’autres, produit des chiffres ou des éléments qui seront de bien médiocres guides pour notre compréhension du vieillissement de la population, ainsi que pour la formation de politiques, comme celles relatives à l’âge normal de la retraite, ou pour faire des projections sur les couts futurs des dépenses de santé.

L’âge n’est qu’un chiffre

Le fait de catégoriser les gens comme “vieux” à l’âge de 60 ans, ou à tout autre âge chronologique, présente aussi un autre inconvénient. L’âge chronologique ne peut pas être utilisé pour évaluer si certains groupes dans un pays donné vieillissent plus vite que d’autres. Par exemple, la recherche a montré que les adultes de 60 ans les plus displômés tendaient à vivre plus longtemps, à avoir une meilleure santé, un meilleur fonctionnement cognitif et moins de problèmes sérieux d’infirmités [2].

Ceci étant, nous devrions juger le groupe le plus diplômé comme celui qui vieillit plus lentement que ceux qui ont reçu moins d’éducation. En utilisant l’âge chronologique comme outil de mesure, les sexagénaires les moins diplômés sont aussi vieux que les sexagénaires les plus diplômés, mais pratiquement ces deux groupes sont plutôt différents. Afin de mesurer les différences de la rapidité du vieillissement, nous devons avoir des mesures qui reflètent les caractéristiques associées au fait d’être vieux d’un point de vue fonctionnel.

Cette étude publiée dans PLOS ONE [3] a examiné les études à travers le monde qui ont analysé des gens de tous âges ainsi que leur taux de mortalité, de nombreuses maladies, des infirmités physiques et cognitives et la rapidité de récupération suite à un passage à l’hôpital. Une étude a suivi plus d’un million de jeunes Suédois qui avaient été testés avant de faire leur service militaire. En utilisant les registres, ces jeunes hommes ont été parfois suivis pendant des décennies. La force de leur poigne à 18 ans était un bon indicateur de leur mortalité future.

La force de la poigne a l’avantage d’être désormais régulièrement collectée dans des enquêtes nationales sur le vieillissement, avec de nombreuses autres caractéristiques sur les individus. Dans certains pays comme aux États-Unis, la force de la poigne est mesurée dans une étude [4] qui a rassemblé un échantillon représentatif de plus de 26000 américains de plus de 50 ans tous les deux ans. Au Royaume-Uni, ces données ont été collectées dans l’étude English Longitudinal Study of Ageing et des données similaires pour les autres pays Européens peuvent être trouvées dans l’étude Survey of Health, Ageing & Retirement in Europe. Les autres pays qui ont mesuré la force de la poigne comprennent le Japon, la Corée du Sud, le Mexique, Israël et le Costa Rica entre autres.

L’importance de la formation

Les données utilisées sont celles des États-Unis pour démontrer comment la rapidité du vieillissement pouvait être mesurée pour les américains âgés les plus diplômés et les moins diplômés. Les deux groupes d’individus ont été comparés : ceux qui avaient terminé le collège et ceux qui n’y étaient pas allés. Les hommes et les femmes les plus diplômés âgés de 69 ans avaient la même force moyenne de la poigne que les individus de 65 ans qui étaient moins diplômés, indiquant que le groupe le moins diplômé avait vieilli beaucoup plus vite. Les femmes afro-américaines les plus diplômées autour de 60 ans avaient un petit avantage sur celles qui étaient moins diplômées. L’éducation a montré qu’elle n’avait aucun impact perceptible sur la vitesse du vieillissement chez les hommes afro-américains.

Les études sur le vieillissement ont besoin de s’éloigner de la date anniversaire des individus. À la place, il faut se concentrer sur les caractéristiques changeantes des gens. Cette étude montre comment il est possible d’avoir une compréhension plus large du vieillissement de la population à travers des marqueurs tels que la force de la poigne.

Références :

[1] World Population Ageing : 1950-2050. Department of Economic and Social Affairs. http://www.un.org/esa/population/pu…

[2] Remeasuring Aging. Science, 2010. Vol. 329 no. 5997 pp. 1287-1288.

[3] Measuring the Speed of Aging across Population Subgroups. Sanderson WC, Scherbov S. (2014) PLoS ONE 9(5) : e96289. doi:10.1371/journal.pone.0096289.

[4] Health and Retirement Survey.

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