Les hommes comme les femmes mentent à propos de leurs relations sexuelles afin de se conformer aux normes sociales relatives à leur genre. Mais pour ce qui est des autres comportements, les gens se soucient moins des normes sociales.

Les individus des deux sexes mentiront à propos de leur comportement sexuel afin d’être conformes aux attentes culturelles sur la façon dont les hommes et les femmes devraient se comporter, même s’ils ou elles ne déformeront pas les autres comportements associés à leur sexe.

L’étude [1] a trouvé que les hommes étaient susceptibles d’admettre qu’ils ont parfois eu des comportements perçus par les jeunes filles comme plus appropriés, comme écrire des poèmes. Il en était de même pour les femmes, qui ne cachaient pas le fait qu’elles sortaient des blagues obscènes, ou participaient parfois à d’autres actes “typiquement masculins”.

Mais quand il s’agissait des relations sexuelles, les hommes voulaient être perçus comme de “vrais mecs” : le genre d’homme qui avait eu plusieurs partenaires et beaucoup d’expérience sexuelle. Les femmes, d’un autre côté, voulaient être perçues comme ayant moins d’expérience sexuelle qu’elles n’en ont eue en réalité, afin d’être conformes à ce qui est attendu des femmes.

“Il y a quelque-chose d’unique à propos de la sexualité qui pousse les gens à porter plus d’attention aux stéréotypes relatifs à leur sexe” explique Terri Fisher, auteur de l’étude. “La sexualité semble être l’un des domaines où les individus ne se sentent pas à l’aise s’ils ne sont pas conformes aux stéréotypes d’un homme ou d’une femme typiques.”

Fisher a découvert comment les gens répondront honnêtement aux questions sur leurs relations sexuelles, et aux autres attitudes relatives à leur genre, en posant à certains participants de l’étude des questions tout en leur faisant croire qu’ils étaient reliés à un détecteur de mensonges.

Les participants étaient 293 étudiants âgés entre 18 et 25 ans. Ils ont complété un questionnaire qui leur demandait leur fréquence sur 124 comportements différents (de “jamais” à “plusieurs fois par jour”). Dans une étude précédente, les sujets avaient identifié tous les comportements qui étaient caractéristiques des hommes (comme de porter des habits sales, de raconter des blagues salaces) ou des femmes (comme d’écrire des poèmes, mentir sur son poids). D’autres comportements ont été identifiés comme plus négatifs chez les hommes (comme chanter sous la douche) ou plus négatifs chez les femmes (comme se moquer des autres).

Mais certaines personnes ont rempli le questionnaire tandis qu’elles étaient reliées à ce qu’elles croyaient être un détecteur de mensonges ou polygraphe (qui ne fonctionnait pas du tout en réalité). Les autres étaient branchés à l’appareil avant que l’étude commence, pour leur faire croire qu’on mesurait leur anxiété, mais la machine était retirée avant qu’ils complètent le questionnaire.

En général, les résultats ont montré que les hommes comme les femmes tendaient à agir de façon à être conformes à leur genre. Les hommes ont rapporté plus de comportements typiquement masculins et les femmes ont rapporté des comportements féminins, et ceci qu’ils ou elles soient relié(e)s ou non au détecteur de mensonges.

Mais pour ce qui est des comportements non sexuels, les participants ne semblaient pas ressentir quelque pression qui soit les poussant à répondre de façon stéréoptypique selon leur genre. En d’autres termes, les femmes qui étaient rattachées au détecteur de mensonges et celles qui ne l’étaient pas admettaient toutes faire de la musculation, une activité pourtant typiquement masculine.

“Les hommes et les femmes ne semblaient pas être contraint(e)s de rapporter ce qu’ils ou elles faisaient de façon à ce que cela corresponde aux stéréotypes de leur genre concernant les comportements non sexuels” dit Fisher.

La seule exception était le comportement sexuel, où, par exemple, les hommes rapportaient plus de partenaires sexuelles quand ils n’étaient pas branchés au détecteur de mensonges que quand ils l’étaient. Les femmes rapportaient moins de partenaires quand elles n’étaient pas branchées que quand elles l’étaient. Un modèle identique a été retrouvé sur les comptes rendus pour ce qui concerne les rapports sexuels.

“Les hommes et les femmes ont des réponses différentes à propos de leur comportement sexuel quand ils ou elles pensent qu’ils ou elles doivent dire la vérité” dit la chercheuse. Ces résultats confirment ce que Fisher avait déjà trouvé dans une étude précédente de 2003 avec une différence importante.

En 2003, les femmes disaient avoir moins de partenaires sexuels que les hommes (quand elles n’étaient pas branchées au détecteur de mensonges) pour arriver au même niveau que les hommes (quand elles étaient branchées à l’appareil).

Dans cette nouvelle étude, les femmes rapportaient effectivement plus de partenaires sexuels que les hommes quand elles étaient branchées au détecteur et qu’elles pensaient qu’elles devaient dire la vérité.

“La société a changé, même ces 10 dernières années, et différents chercheurs ont trouvé que les différences entre les hommes et les femmes dans certains domaines du comportement sexuel ont essentiellement disparus” dit-elle.

Elle ajoute que les résultats de son étude pourraient en fait être plus solides que ce qu’elle a trouvé ici. Bien que la moitié des participants ne fût pas branchée au détecteur de mensonges pendant qu’ils complétaient le questionnaire, ils l’avaient été avant de commencer.

“Certains des participants pourraient avoir été mis mal à l’aise en étant branchés au détecteur de mensonges en premier, et cela pourrait les avoir conduit à être mieux disposés et plus honnêtes qu’ils l’auraient été autrement” conclut-elle.

Références :

[1] Gender Roles and Pressure to be Truthful : The Bogus Pipeline Modifies Gender Differences in Sexual but Not Non-sexual Behavior. Sex Roles, 2013, Volume 68, Issue 7-8, pp 401-414.

A lire également