Une étude comparative sur la performance des joueurs hommes et femmes lors des matches de Championnats UEFA montre que les joueurs et les joueuses de football jouent au football “d’une manière qui leur est propre”.

Quand la performance des joueurs de football professionnels hommes et femmes est comparée en utilisant des critères absolus, les différences sont importantes. C’est l’une des conclusions de l’étude de la Faculté des Sciences du Sport et d’Activité Physique, réalisée en collaboration avec d’autres universités d’Europe [1]. Plus d’une centaine de joueurs des deux sexes ont été enregistrés pendant les matches de Championnat UEFA pour réaliser cette étude.

“Il n’y avait pas trop de surprises, nous nous attendions à ces résultats” admet Julen Castellano, chercheur à l’Université du Pays Basque, et membre du groupe qui a dirigé cette étude comparative sur la performance technique et physique entre les deux sexes. Les différences anthropométriques et les qualités physiques sont responsables de ces différences. Les résultats, tirés de l’observation de 100 hommes et femmes ayant participé aux matches de championnat de l’UEFA peuvent être résumés en deux aspects : premièrement l’aspect physique, dans lequel les femmes courent globalement sur une distance plus courte et à une intensité élevée mais, contrairement aux hommes, affichent de la fatigue pendant la seconde mi-temps du match ; et deuxièmement, l’aspect technique-tactique, où il n’y avait pas de différences dans le nombre de touchers du ballon, de temps de possession du ballon et du total “d’attaques gagnées” .

Ces conclusions, bien qu’intéressantes, soulèvent néanmoins une autre question.

Si des valeurs absolues sont utilisées comme critère de référence quand on fait une comparaison, nous pourrions commettre l’erreur de sous-estimer l’effort réalisé par les femmes. Si nous prenons comme référence les valeurs associées aux hommes pour comparer les deux sexes, étant donné que les hommes sont plus rapides et ont plus d’endurance, nous pourrions être conduits à croire que les femmes “ne donnent pas tout ce qu’elles ont”, mais, “nous ne doutons pas que les femmes donnent leur maximum. Ainsi, si cela est rapporté aux valeurs actuelles de la population étudiée, les résultats seraient différents concernant les exigences physiques impliquées dans le football féminin” fait remarquer Castello. Mais à ce jour, il est virtuellement impossible de réaliser des études de ce genre.

On pourrait vouloir connaître la vitesse maximale et particulière et les seuils d’endurance pour chaque joueuse. Il s’agit d’information sensible que l’équipe conserve “précieusement” pour ne pas donner d’indices aux équipes concurrentes. Ainsi, malgré le fait que nous ayons cette première approche descriptive, il faudra plus de recherches pour y ajouter de nouvelles variables, en élargissant l’échantillon et en adaptant les portées d’intensité de la population étudiée ; tout en garantissant l’égalité, nous permettant de compléter la comparaison en ce qui concerne les demandes faites sur les deux sexes quand ils jouent un match de football.

Dans tous les cas, selon Castellano, cela peut être tiré à partir de l’étude et le football féminin ne doit pas seulement être “un miroir de la performance masculine au football” et ne devrait de ce fait pas aspirer à rejoindre la vitesse, l’intensité ni le jeu des hommes.

Pour faire leur comparaison, la technique du “match moving” a été utilisée ; il s’agit d’un système qui reconnaît chaque joueur dans l’image vidéo et l’enregistre 25 fois par seconde. De cette façon, on peut savoir où est chaque joueur et connaître les variables X et Y à un temps t, comme la localisation, les distances couvertes ou la vitesse. Cette technologie est de plus en plus utilisée par les équipes de football professionnelles, comme La Liga Espagnole. Cette dernière a, par exemple, permis de conclure que l’équipe du Real Madrid était celle qui avait couru la distance la plus courte pendant les championnats 2002/2003. D’autres études soutenaient l’hypothèse que les équipes qui gagnent sont celles qui courent moins que leurs rivaux. Se peut-il que l’aspect physique ne soit pas le plus important au football ?

Références :

[1] L’Université de Sunderland & d’Exeter (Royaume-Uni) ; l’Université de Lyon, le Medical Centre Excellence FIFA et l’OGC de Nice (France) ; l’Université de Göteborg.

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