L’utilisation de sociomètres a montré que les femmes sont plus bavardes et plus sociables que les hommes dans une certaine mesure, et que cela dépend de la situation.

Tout le monde a déjà entendu le stéréotype disant que les femmes adorent parler. Celui-ci est répété à l’envi avec souvent des exemples au travail ou dans la vie de tous les jours. Mais y a-t-il un fond de vérité à ce stéréotype ? Une étude de l’Université Northeastern affirme que ce n’est pas si simple [1].

David Lazer, l’auteur de l’étude qui fait des recherches sur les réseaux sociaux, est parti d’une approche différente. Il a utilisé des objets appelés “sociomètres” – des appareils portables qui sont de la taille d’un smartphone – pour collecter des données en temps réel sur les interactions sociales des utilisateurs. L’équipe de Lazer était donc en mesure de dessiner une image plus précise du stéréotype féminin de la “bavarde” avec laquelle nous sommes si familiers. Ils ont trouvé que le contexte jouait un grand rôle.

Mais pouvons-nous faire de telles généralisations sur les modes de communication des femmes contre celles des hommes ? La recherche est incroyablement mince dans ce domaine si on considère la puissance du stéréotype : certaines études disent que oui, les femmes sont plus bavardes que les hommes. D’autres disent qu’il n’y a pas de type caractéristique du tout. D’autres enfin déclarent que les hommes sont même les plus grands moulins à paroles.

Peut-être que toutes ces contradictions viennent de la difficulté qu’il y a à étudier un tel phénomène. La plupart de ces études reposent sur des données auto-rapportées dans lesquelles les chercheurs collectent des informations en demandant aux sujets de rapporter leurs dernières conversations, ou des données d’observation dans lesquelles les chercheurs regardent directement des interactions.

Mais ces deux approches ont leurs limites. D’abord nos mémoires ne sont pas aussi bonnes que ce qu’on voudrait bien le croire. Ensuite les chercheurs ne peuvent observer qu’un nombre limité de gens en même temps, ce qui signifie que de grands ensembles de données, qui apportent une plus grande puissance statistique pour pouvoir détecter des différences, sont difficiles à obtenir. Un autre défi de l’observation directe est que les sujets peuvent agir différemment face à un chercheur.

Or cette recherche a utilisé des sociomètres pour essayer de résoudre ces problèmes de méthodologie. Les chercheurs ont équipé un groupe d’hommes et de femmes de sociomètres et les ont enregistrés dans deux environnements sociaux différents pendant un total de 12 heures. Dans le premier environnement, les participants devaient réaliser un projet individuel, pour lequel ils devaient échanger librement avec d’autres personnes pendant une journée de 12 heures. Dans le second environnement, les employés d’une plateforme téléphonique d’une grande banque américaine portaient des sociomètres sur 12 jours pendant leur heure de déjeuner sans recevoir de consigne particulière.

“Dans l’environnement qui est plus sociable et collaboratif, nous avons vu les femmes choisir de travailler ensemble, et quand vous travaillez ensemble vous avez tendance à parler plus” dit Lazer. “Ainsi, c’est un scénario très particulier qui conduit à plus d’interactions. La véritable histoire ici est qu’il y a une interaction entre l’environnement et le genre qui créé cette différence.”

Références :

[1] Using sociometers to quantify social interaction patterns. Jukka-Pekka Onnela, Benjamin Waber, Alex Pentland, Sebastian Schnorf, David Lazer. Scientific Reports, Vol. 4, 5604.

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