Supposez un instant que votre enfant revienne de son entrainement d’athlétisme/football/judo avec une commotion cérébrale, qu’il se plaint d’être fatigué et veut aller se coucher. Le laisserez-vous faire ?

“À une époque, on croyait qu’il était potentiellement mortel de laisser s’endormir quelqu’un souffrant de commotion cérébrale” dit Chris Hummel, entraineur et professeur clinique au Département des Sciences du Sport d’Ithaca. “Mais la recherche actuelle montre que dormir est en fait la meilleure chose à faire pour un sportif commotionné. Un repos physique et mental permet à l’athlète de récupérer d’une commotion cérébrale. Mais les athlètes ne devraient pas être laissés tous seuls la première nuit et doivent ensuite consulter un médecin le lendemain.”

La gestion de la commotion cérébrale est très compliquée et ne devrait être prise en charge que par des entraineurs, des médecins et autres personnels médicaux et/ou spécialisés. Il est important pour les entraineurs, parents et athlètes de connaitre les différences entre les faits et la fiction en ce qui concerne les commotions cérébrales.

La fiction

 Un CT scanner normal permet d’exclure toute commotion cérébrale : Une commotion cérébrale est le résultat d’un événement neuro-métabolique provoqué par un traumatisme. Dit plus simplement, il y a un dérèglement dans les éléments chimiques nécessaires ou utilisés qui aident à faire fonctionner le cerveau quand un athlète est commotionné. Ce n’est pas une blessure structurelle, ainsi un scanner ne le décèlera pas. Les scanners ne peuvent voir que les dommages structurels.

 Un athlète/joueur qui a été assommé souffrira d’une commotion cérébrale plus grave qu’un joueur qui n’a pas perdu conscience : Un joueur/athlète n’a pas besoin d’être mis KO pour subir une sérieuse commotion cérébrale. Dans certains cas, les individus qui sont assommés pourraient souffrir d’un traumatisme moins sévère. Dans d’autres cas, la sévérité de la commotion pourrait ne pas être connue pendant des jours ou des semaines.

 Les athlètes masculins subissent plus de commotions cérébrales que les femmes : Les athlètes mâles ont autant de commotions cérébrales que les femmes. Cependant, des études récentes ont montré que les symptômes pourraient différer selon les sexes. Les hommes ayant vécu des commotions ont plus de problèmes physiologiques comme des problèmes d’équilibre, tandis que les femmes vivent plus de problèmes psychosociaux comme de la fatigue ou moins d’énergie.”

 Une commotion cérébrale de grade 1 est moins sérieuse qu’une de grade 3 : dans le passé les commotions cérébrales étaient classées par grade pendant le diagnostic initial, mais cette pratique a été abandonnée car il est difficile d’évaluer avec précision la sévérité d’une commotion cérébrale. Il faut attendre et voir comment les symptômes se résolvent avec le temps avant de pouvoir déterminer si la commotion est grave ou non.

 Plus le choc est dur, pire est la commotion : il n’y a pas toujours besoin d’avoir été fortement choqué pour produire une commotion. Tout contact avec la tête ou le corps qui cause un mouvement rapide peut produire une commotion. Il est aussi important de noter que plusieurs petits impacts de faible intensité dans le temps pourraient être plus sérieux qu’une seule collision de grande force. Par exemple, des premières lignes au rugby qui subissent des contacts pratiquement à chaque match pourraient plus risquer subir des dommages cérébraux permanents qu’un joueur qui absorbe un seul choc ou deux par match.

 Les athlètes peuvent jouer malgré leur commotion cérébrale : Typiquement, cela prend une à deux semaines pour que les symptômes de la commotion cérébrale se résolvent, et pour que le cerveau recommence à fonctionner à pleine capacité. Le fait qu’un athlète déclare que sa tête va mieux n’est pas une indication qu’il ou elle peut reprendre la compétition. Il n’est pas sans danger de reprendre le chemin du terrain le même jour après avoir vécu des symptômes de type commotion cérébrale.

 Les commotions cérébrales sont les mêmes chez les adultes et les ados : Les cerveaux des adolescents sont toujours en développement. Les effets d’une commotion cérébrale sur les jeunes athlètes sont plus dynamiques que sur des cerveaux matures, et il pourrait prendre plus de temps pour récupérer.

 Les casques préviennent des commotions cérébrales : les casques sont conçus pour empêcher les fractures du crâne, et non les commotions cérébrales. Si un casque est bien adapté, il pourrait réduire le risque ou la sévérité des commotions cérébrales, mais aucun casque n’est capable d’empêcher une commotion cérébrale à ce jour.

Les faits

 Un athlète qui a eu une commotion cérébrale est plus susceptible d’en avoir une autre qu’un athlète qui n’en a jamais eu : une fois qu’un athlète a vécu une commotion cérébrale, le seuil pour en subir une autre peut être diminué. Si un joueur prend un autre coup avant de récupérer totalement, les symptômes peuvent empirer et résulter en une récupération prolongée. Il y a aussi un phénomène rare appelé le “syndrome du second impact” qui peut causer un flux sanguin anormal dans le cerveau, voire la mort si l’athlète souffre d’un autre traumatisme avant d’avoir complètement récupéré.

 Les commotions cérébrales devraient être traitées et gérées sur une base individuelle : le cerveau est un organe incroyablement complexe, tout comme les processus neurochimiques qui le gouvernent. Il n’y a pas deux commotions cérébrales qui se ressemblent, tout comme deux cerveaux ne se ressemblent pas. La gestion d’une commotion cérébrale débute en ayant une base individuelle (avant toute blessure) pour chaque athlète. Une fois que survient la commotion, vous saurez ce qui est “normal” pour chaque athlète. Une fois que celui-ci n’a plus de symptômes et revient à ses scores de base, un retour sur les terrains peut être envisagé. Cette progression devrait consister en du repos, de l’exercice léger sans contacts, puis un retour à la compétition. Chaque niveau de récupération devrait prendre 24 heures. Un athlète doit demeurer sans aucun symptôme pour passer à l’étape suivante.”

 Si vous suspectez qu’un athlète a une commotion cérébrale, supposez que s’en est une : Si un sportif décrit des maux de tête ou des vertiges, montre des signes de problèmes d’équilibre, ou a des problèmes de mémoire, il faut supposer qu’il est commotionné et qu’il aille consulter.

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