Les résultats d’une étude contredisent l’idée tenue pour vraie selon laquelle l’obésité est due à une diminution de la dépense d’énergie.

Les styles de vie modernes sont généralement assez différents de ceux de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, un fait que certains reprennent pour en faire la cause de l’augmentation actuelle de l’obésité. Pourtant, une étude publiée dans le journal PLoS ONE [1] a découvert qu’il n’y avait pas de différence entre la dépense d’énergie des chasseurs-cueilleurs modernes et les Occidentaux, ce qui jette un sérieux doute sur la valeur de cette théorie.

L’équipe de recherche a mesuré la dépense d’énergie (calories par jour) au sein des Hadza, une population traditionnelle de chasseurs-cueilleurs qui vivent dans la savane ouverte du Nord de la Tanzanie. Bien qu’ils passent leurs journées à marcher sur de longues distances à la recherche de plantes sauvages et pour se divertir, les Hadza ne brûlaient pas plus de calories par jour que des adultes aux États-Unis et en Europe.

L’équipe a réalisé plusieurs analyses pour prendre en compte les effets du poids du corps, du pourcentage de graisse corporelle, de l’âge et du sexe. Dans toutes les analyses, la dépense énergétique quotidienne des chasseurs-cueilleurs Hadza n’était pas discernable de celle des Occidentaux. Cette étude est la première du genre à mesurer la dépense d’énergie directement chez les chasseurs-cueilleurs, d’autres études précédentes n’ayant fait que des estimations de ces dépenses.

Ces résultats remettent en cause l’hypothèse de longue date selon laquelle nos ancêtres chasseurs-cueilleurs dépensaient plus d’énergie que les populations modernes, et rend bancal le point de vue que l’obésité des populations Occidentales résulterait d’une diminution de la dépense d’énergie.

Au lieu de cela, la similitude de la dépense d’énergie quotidienne parmi une large gamme de styles de vie suggère que les taux métaboliques habituels sont relativement constants au sein des populations humaines. Et ceci confirme par la même occasion le point de vue selon lequel l’augmentation de l’obésité est principalement due à une augmentation de la consommation de nourriture, et non pas à une diminution de la dépense d’énergie.

Les auteurs de l’étude de préciser que l’exercice physique est néanmoins important pour conserver une bonne santé. En fait, les Hadza dépensent un plus grand pourcentage de leur budget énergétique journalier dans l’activité physique que les Occidentaux, ce qui pourrait contribuer à la santé et à l’évidente vitalité des Hadza les plus vieux.

Pourtant, la similitude de dépense énergétique quotidienne entre les chasseurs-cueilleurs Hadza et les Occidentaux suggère que nous avons plus à apprendre de la physiologie et de la santé humaine, tout particulièrement dans les environnements non Occidentaux.

Ces résultats éclairent la complexité de la dépense d’énergie. Ce n’est pas simplement une fonction de l’activité physique, dit l’un des chercheurs. Nos taux métaboliques pourraient être plus le reflet de notre passé évolutionniste partagé que de nos divers styles de vie modernes.

Références :

[1] Pontzer H, Raichlen DA, Wood BM, Mabulla AZP, Racette SB, et al. (2012) Hunter-Gatherer Energetics and Human Obesity. PLoS ONE 7(7) : e40503. doi:10.1371/journal.pone.0040503

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