Il existe trop de variables, disent les chercheurs.

Les femmes accusent souvent le stress, les hormones, l’alcool voire même le temps comme causes possibles dans le déclenchement de leurs migraines. Mais une étude du Centre Wake Forest, publiée dans le journal Headache [1] [2], a découvert qu’il est pratiquement impossible pour les patients de déterminer les véritables causes de leurs épisodes migraineux sans passer par des expériences formelles.

La majorité de ceux qui souffrent de migraines essayent de comprendre pour eux-mêmes ce qui cause leurs migraines à partir des conditions qu’ils vivent, explique l’auteur de l’étude, le Dr Timothy Houle.

“Mais notre recherche montre que c’est une approche faussée pour plusieurs raisons” dit-il. “Le fait de correctement identifier les déclencheurs permet aux patients de les éviter ou de les gérer dans leur tentative visant à prévenir les migraines à venir. Cependant, les fluctuations journalières de variables comme le temps, l’alimentation, les niveaux d’hormone, le sommeil, l’activité physique et le stress, apparaissent suffire pour empêcher les conditions parfaites nécessaires pour déterminer les déclencheurs”.

Par exemple, dit Houle, le simple acte de boire un verre de vin une fois par jour et non le jour suivant pourrait être compliqué par des incohérences dans d’autres facteurs. De même, un patient pourrait boire du vin pendant plusieurs jours, mais le fait d’y ajouter du fromage une journée pourrait fausser les résultats. En fait, une auto-évaluation valide exige des conditions si parfaites qu’elles ne peuvent survenir qu’une fois tous les deux ans, dit-il.

“De nombreux patients vivent dans la peur de l’imprévisibilité de la douleur migraineuse. En conséquence, ils restreignent souvent leur vie quotidienne en se préparant à l’éventualité d’une attaque future qui pourrait les laisser alités et temporairement handicapés” dit-il. “Ils pourraient même se lancer dans des stratégies de prise de médicaments qui peuvent empirer leurs migraines par inadvertance. Le but de cette recherche est de mieux comprendre quelles conditions doivent être vraies pour qu’un individu souffrant de migraine puisse conclure que quelque-chose cause ses migraines”.

Pour leur étude, neuf femmes qui avaient des cycles menstruels réguliers, et qui ont été diagnostiquées comme migraineuses avec ou sans aura, ont fourni des données pendant trois mois en complétant un journal quotidien et en enregistrant leur stress grâce au Daily Stress Inventory, qui est un questionnaire auto-administré pour mesurer le nombre et l’impact des éléments de stress fréquents vécus dans la vie de tous les jours. L’urine du matin a aussi été collectée tous les jours pour tester les niveaux d’hormone. Les chercheurs ont aussi passé en revue trois années de données sur le temps à partir d’une station météo locale.

À cause de la difficulté de recréer les conditions identiques à chaque fois qu’un patient évalue un déclencheur potentiel, déterminer des déclencheurs s’est avéré très difficile même pour les médecins, expliquent les scientifiques. “Les gens qui essayent de déterminer leurs propres stimulants n’ont probablement pas assez d’information pour véritablement savoir ce qui cause leurs migraines” disent-ils. “Ils ont besoin de plus d’expériences formelles et devraient travailler avec leurs docteurs pour concevoir une expérience formelle afin de tester les déclencheurs”.

Références :

[1] Causality and Headache Triggers. Headache : The Journal of Head and Face Pain. Volume 53, Issue 4, pp 628–635, 2013.

[2] Natural Experimentation Is a Challenging Method for Identifying Headache Triggers. Headache : The Journal of Head and Face Pain, Volume 53, Issue 4, pp 636–643, 2013.

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