Le fait de se plonger dans de l’eau froide après s’être épuisé à faire du sport pourrait être un moyen efficace de réduire les courbatures musculaires, mais on ne sait pas si cela n’a pas d’effets secondaires négatifs. C’est la conclusion à laquelle est arrivée une revue systématique de la Cochrane Library [1] qui a étudié les immersions musculaires dans l’eau froide.

Les courbatures musculaires sont associées à des raideurs, des gonflements et des douleurs qui apparaissent un jour ou plus après avoir fait de l’exercice. L’une des méthodes très répandue que les entraîneurs, les athlètes professionnels, tout comme les amateurs, utilisent souvent pour prévenir les courbatures ou les réduire est de s’immerger eux-mêmes dans des bains d’eau froide ou de glace.

Ils justifient cette pratique en déclarant que cette technique d’immersion dans de l’eau froide, que d’aucuns nomment cryothérapie, réduirait l’inflammation musculaire et les effets qui lui sont associés. Les chercheurs voulaient en savoir plus, ils ont évalué la force des éléments de preuve scientifique de son efficacité, et s’il y avait des preuves de la nocivité de la pratique.

Les auteurs ont passé en revue 17 petites études dans leur analyse, qui avaient impliqué 366 personnes. On avait demandé aux participants de plonger dans un bain ou un conteneur d’eau froide après avoir couru, pédalé ou fait de la musculation.

Dans la plupart des essais, les participants ont passé de cinq à 24 minutes dans de l’eau entre 10°C et 15°C, bien que dans certains cas l’eau était encore plus froide, ou bien on demandait aux participants d’entrer dans l’eau et d’en sortir plusieurs fois. Dans les études qui ont comparé l’immersion dans l’eau froide à du repos simple ou à rien du tout, il y avait une réduction significative des douleurs et courbatures un à quatre jours après l’exercice. Cependant, peu d’études ont comparé l’immersion dans l’eau froide à d’autres interventions.

“Nous avons trouvé qu’il y avait des preuves sur le fait que vous immerger dans de l’eau froide après avoir fait du sport pouvait diminuer les courbatures musculaires, mais seulement quand on compare cela au repos ou à aucune intervention du tout. Mais il faut cependant faire attention à ces résultats, parce que les individus qui ont pris part à ces études étaient parfaitement conscients du traitement qu’ils recevaient, et une bonne partie des bénéfices rapportés pourraient être dus à une réaction placébo”, explique l’auteur principal de l’étude, Chris Bleakley, car en effet ce genre d’étude peut difficilement être réalisé en double-aveugle.

“Il pourrait y avoir de meilleurs moyens de réduire les courbatures, comme celui de s’immerger dans de l’eau chaude, de faire un jogging léger ou d’utiliser des bas de contention, mais nous n’avons actuellement pas assez de données fiables pour conclure définitivement sur ces pratiques.”

L’éventail des différents exercices, des températures et des temps utilisés par les différentes études rend difficile l’établissement de recommandations claires pour ce qui est de la sécurité et de l’efficacité de l’immersion en eau froide. Il y a aussi un manque de preuve sur les torts qui pourraient être causés par cette intervention, étant donné que la plupart des études ne rapportent pas les effets nocifs ou ayant généré une maladie.

Les auteurs déclarent qu’il faudrait des études de bien meilleure qualité pour pouvoir se prononcer.

“Il est important de prendre en considération le fait que l’immersion dans de l’eau froide provoque un certain degré de choc sur le corps” dit Bleakley. “Nous devons nous assurer que les gens ne font rien qui leur soit nocif, tout spécialement s’ils s’exposent eux-mêmes à de l’eau très froide pendant de longues périodes de temps.”

Une étude plus récente a également été publiée dans l’European Journal of Applied Physiology [2] par des chercheurs de l’Université de New Hampshire. Ils ont testé les bains de glace sur un groupe de 20 hommes qui faisaient du sport de loisir (la moitié a pris des bains de glace et l’autre moitié n’a rien fait), après avoir couru sur un tapis de course incliné à 10% pendant 40 minutes pour provoquer des dommages musculaires. Ils ont mesuré tout un ensemble de paramètres, comme les courbatures ressenties, les gonflements et les chimiokines ligands du plasma, qui sont un marqueur d’inflammation qui circule dans le sang. Pour faire court : ils n’ont pas trouvé de différences entre les deux groupes.

Références :

[1] Cold-water immersion for preventing and treating muscle soreness after exercise. Bleakley C, McDonough S, Gardner E, Baxter David, Hopkins Ty, Davison GW. Cochrane Library.

[2] Effect of cryotherapy on muscle recovery and inflammation following a bout of damaging exercise. Crystal NJ, Townson DH, Cook SB, Laroche DP. European Journal of Applied Physiology. 2013.

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