D’après une étude publiée dans le journal Judgment and Decision Making [1], les aliments de marque “biologique” biaise la perception qu’ont les consommateurs d’une façon qui pourrait favoriser l’obésité.

Les résultats montrent que parfois les gens supposent que les aliments biologiques sont moins caloriques que les autres, et qu’il est donc bon d’avaler plus de gâteaux biologiques et plus souvent que des gâteaux conventionnels. Le sport a aussi été considéré comme moins nécessaire après avoir mangé des desserts biologiques.

Ces résultats sont en accord avec des travaux précédents qui ont montré que les marques alimentaires pouvaient installer de mauvaises perceptions. Par exemple, des étiquettes d’aliments telles que “faible en graisses” peuvent pousser les gens à inférer qu’ils sont peu caloriques, et des aliments étiquetés comme ayant “moins de cholestérol” peuvent être jugés comme ayant moins de graisses. Il y a aussi une forte tendance des consommateurs à associer le concept de “biologique” à celui de “bon à la santé”, ce qui n’est pas forcément le cas.

Le problème vient de ce que dans les décisions de tous les jours, les aliments biologiques sont souvent traités comme étant ce qu’ils ne sont pas. Ils pourraient donc être considérés comme sains car faibles en calories, alors que ce n’est pas toujours le cas, comme par exemple avec les fromages ou certains gâteaux.

Le fait de percevoir certains aliments comme peu caloriques pourrait de ce fait pousser à en manger plus. L’association avec ce qui est sain pourrait faire penser qu’il est possible de substituer des aliments biologiques, même des desserts ou des alcools, pour perdre du poids sans faire de sport.

Il sera cependant nécessaire de plus étudier ce point afin de déterminer si ce schème de pensée pousse réellement à la consommation et fait grossir.

L’étiquetage “biologique” ne fait référence qu’au processus de fabrication de l’aliment, et non pas à ses quantités de graisses, sucres ni à ses calories.

Schuldt et Norbert Schwarz, de l’Université du Michigan, ont dirigé deux expériences pour voir si dans l’esprit des consommateurs “biologique” se traduisait automatiquement par “peu calorique”.

Dans la première étude, on a demandé à 114 étudiants de lire les étiquettes nutritives de cookies. Les cookies étaient soit décrits comme “cookies”, ou bien “cookies fabriqués à partir de sucre et de farine biologiques”. Les deux types de cookies étaient étiquetés comme contenant 160 calories. On a demandé aux participants de noter s’ils pensaient que les cookies biologiques contenaient plus ou moins de calories que les autres marques, sur une échelle allant de 1 (peu de calories) à 7 (plus de calories).

On leur a aussi demandé si ces cookies pouvaient être plus ou moins mangés que des cookies traditionnels.

Les gâteaux décrits comme “biologiques” ont été notés comme ayant moins de calories que les gâteaux traditionnels d’autres marques. Les cookies biologiques ont reçu une note moyenne de 3,9, alors que les cookies traditionnels on été notés à 5,17.

Les participants pensaient aussi que les cookies biologiques pouvaient être mangés plus souvent que les non biologiques.

L’impact d’une étiquette “biologique” sur les jugements des consommateurs à propos des calories était plus grand pour ceux ayant déjà des points de vue pro-écologiques, ou chez ceux qui valorisaient le plus les aliments biologiques.

Dans la seconde étude, 215 étudiants ont lu une histoire à propos d’un sujet qui voulait perdre du poids, mais qui voulait sauter son jogging après le diner. Les participants ont lu qu’il avait mangé soit un dessert normal, soit un dessert biologique. Puis ils ont noté s’il pouvait zapper son heure de sport ou non.

Les participants étaient plus tolérants face au sujet s’il avait mangé le dessert biologique que le conventionnel.

“Ces résultats suggèrent que les déclarations biologiques pourraient non seulement favoriser des estimations de calories plus faibles et des intentions de consommation plus élevées, mais elles pourraient aussi faire croire qu’on a fait un pas vers son objectif de perte de poids.”

Références :

[1] Judgment and Decision Making

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