En 2009, une étude a été réalisée au Royaume-Uni, par John Moores de l’Université de Liverpool et l’Hôpital du Conté de Chester, visant à évaluer les effets de la course à pied dans le cadre de courses très longues (genre trail). Visant essentiellement des athlètes en super forme et très expérimentés, ces courses se déroulent sur de longues distances, excédant 80 kilomètres. Les conclusions de l’étude ont montré que certains dégâts sont susceptibles de survenir au muscle cardiaque des compétiteurs, alors que 12% des sujets du groupe étudié ont montré des signes de dommages cardiaques significatifs.

Commentant les raisons de leur recherche, le Professeur Somauroo déclare : “des études précédentes, sur les effets du sport d’endurance poussé, avaient examiné les modifications de la forme et de la fonction du cœur, ainsi que les changements dans des marqueurs sensibles aux dégâts cardiaques comprenant l’utilisation du test sanguin Troponine I.

Cependant, ils n’avaient pas regardé les changements cardiaques électriques de l’électrocardiogramme (ECG) des athlètes, s’il y avait une corrélation entre ceux-ci et la Troponine I cardiaque. Etant donné que les hôpitaux utilisent la troponine I avec l’ECG pour diagnostiquer les conditions cardiaques, y compris les crises cardiaques, cette étude était utile”.

L’étude a recruté 45 coureurs de la course ardue de Lakeland, dans le Nord de L’Angleterre. Cette course de 80 et 160 kilomètres rassemble des compétiteurs sur un terrain très difficile contenant beaucoup de sections montagneuses. L’événement de 2009 avait été plus compliqué à cause des orages et des pluies.

Tous les coureurs sélectionnés ont été spécifiquement entraînés pour cette course, ils couraient déjà des marathons et des super-marathons depuis 2 ans et n’avaient jamais connu de problèmes cardiaques. A cause des conditions extrêmes et des difficultés du terrain, seuls 25 des 45 coureurs ont terminé la course (16 ont fait celle de 80 km, et 9 celle de 160 km) et certains d’entre eux se sont effondrés à la fin.

La tranche d’âge allait de 24 à 62 ans, ils ont subit des tests sanguins pour la Troponine I cardiaque, et des ECG ont été réalisés avant et après la course :

 sur les compétiteurs du 80 km, le temps moyen de compétition était de 15 heures, avec une perte de poids moyenne de 2kg,

 sur les compétiteurs des 160 km, le temps de réalisation de la course était de 36 heures, avec une perte de poids moyenne de 3kg,

 Les niveaux de troponine I cardiaque ont augmenté significativement chez 21 des 25 coureurs, et chez trois d’entre eux elle était suffisante pour suggérer des dégâts cardiaques importants.

Les ECG au début de la course montraient les caractéristiques typiques du corps d’un athlète, avec un rythme cardiaque lent et des modifications électriques ordinairement rencontrées chez les athlètes. A l’arrivée, il y avait des changements électriques significatifs de plus de 50% des ECG, et dans certains, il y avait des changements électriques bizarre qui ne se retrouvent d’habitude pas dans les ECG normaux, que ce soit au repos ou pendant l’exercice.

Cependant, les changements de la troponine I cardiaque n’étaient pas corrélés avec les changements électriques spécifiques des ECG.
D’autres données montreront que la fonction cardiaque de base était normale, mais qu’il y avait une baisse de 6% de la fonction cardiaque à l’arrivée. Le fait que ces changements reflètent des conditions cardiaques non diagnostiquées reste pour l’instant peu clair.

Le professeur Somauroo résume ainsi les résultats : “cette étude suggère que courir continuellement sur 80 ou 160 km pourrait ne pas être bon pour le coeur. 96% de ceux qui ont terminé la course ont développé une augmentation importante de la troponine I cardiaque, ce qui peut être un indicateur de dégâts dans le muscle cardiaque, et 12% ont montré des signes évocateurs de blessure cardiaque. Ils ont aussi développé des changements électriques importants de leurs ECG et, dans certains cas, des changements assez étranges. Cependant, ils n’y a pas de corrélation prouvée entre les changements de la troponine I cardiaque et les changements des ECG.”

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