Des brefs épisodes de stress peuvent nous être bénéfiques, en nous protégeant des effets du vieillissement, tant que nous ne sommes pas trop fatigués. C’est le résultat surprenant d’une étude qui a mesuré les dégâts cellulaires internes associés au stress.

Le stress chronique use les tissus du corps, en augmentant le risque de développer des maladies associées à l’âge telles que cancer, diabète et démence.

L’une des raisons à cela est que le corps réagit au stress en brûlant du carburant pour libérer de l’énergie. Alors que cela nous aide à réagir face à une menace, cela inonde aussi les cellules de radicaux libres toxiques produits pendant le métabolisme. Sur le long terme, cette réaction endommage l’ADN, l’ARN et les autres molécules qui nous vieillissent avant l’heure.

Kirstin Aschbacher, de l’Université de Californie, et ses collègues voulaient tester si une courte période de stress intense est plus dommageable quand nous vivons déjà une période stressante [1]. Ils ont pris un groupe de femmes chroniquement stressées qui s’occupaient de parents proches atteints de démence, et leur ont fait faire un discours face à un panel de juges sceptiques. Un groupe de femmes non stressées a réalisé la même tâche pour servir de groupe de comparaison.

Les chercheurs ont demandé aux femmes de dire combien elles trouvaient le test stressant. Ils ont aussi mesuré leurs niveaux de cortisol, l’hormone de stress, ainsi que des marqueurs biochimiques des dégâts causés à leurs cellules.

Effet inattendu

Pour les femmes déjà stressées, le défi supplémentaire qui leur était imposé a en effet montré être particulièrement délétère : la menace du test a causé plus de dégâts cellulaires que dans le groupe de contrôle non stressé. Mais peut-être plus étonnant encore, il y avait un effet inattendu que les chercheurs ont trouvé dans le groupe de contrôle.

Parmi ces femmes normalement relaxées, celles qui ont trouvé la tâche modérément stressante avaient des niveaux plus bas de dégâts cellulaires que celles qui ne l’avaient pas trouvé stressante du tout. En d’autres termes, alors que le stress chronique peut avoir des effets boule de neige qui endommagent les structures cellulaires, des courtes explosions de stress peuvent réduire de tels dommages et protéger notre santé en certaines circonstances.

L’idée que le fait d’être sous pression aide à focaliser notre attention et à nous rendre meilleurs dans les tâches cognitives est connue depuis presque un siècle. Mais cette étude est un premier pas visant à montrer comment cela peut parfois nous rendre physiquement en meilleure santé aussi, bien que ce qui se passe précisément au niveau cellulaire n’est pas tout à fait clair.

“C’est comme de soulever des poids et haltères où nous construisons du muscle avec le temps” dit Aschbacher. Tant qu’on laisse un temps de récupération entre deux événements, de courtes explosions de stress psychologique “pourraient nous permettre de devenir plus fort”. Cette étude pourrait être considérée comme “agressive”, elle commence à démêler les mécanismes par lesquels le stress peut avoir des effets positifs. “Mère Nature a mis ces mécanismes en place pour nous aider à nous adapter et à survivre” concluent les scientifiques.

Références :

[1] Good stress, bad stress and oxidative stress : Insights from anticipatory cortisol reactivity. Kirstin Aschbachera, Aoife O’Donovana, Owen Wolkowitza, Firdaus Dhabhard, Yali Suf, Elissa Epela. Psychoneuroendocrinology.

A lire également