Les triathlètes masculins qui font de la compétition peuvent faire face à un risque cardiaque plus élevé, pouvant être potentiellement nocif pour le cœur, appelé la fibrose myocardique. Ce risque plus important, qui ne semble pas apparaitre chez les femmes triathlètes, était directement associé à la quantité d’exercice que faisaient les athlètes.

La fibrose myocardique est une cicatrice au cœur. Elle affecte habituellement les chambres de pompage, connues sous le nom de ventricules. La condition pourrait progresser vers une insuffisance cardiaque. Alors que l’exercice régulier a des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire, des études passées ont montré la présence de fibrose cardiaque chez les athlètes de haut niveau. “La pertinence clinique de ces cicatrices n’est toujours pas claire,” explique Jitka Starekova, l’auteure de l’étude. “Elles pourraient cependant être à la base d’une insuffisance cardiaque à venir ou d’une arythmie.”

Starekova et ses collègues ont étudié un groupe de triathlètes, composé de 55 hommes âgés de 44 ans en moyenne et de 30 femmes d’âge moyen 30 ans. Le groupe de cette étude a passé des examens d’IRM cardiaque avec l’agent de contraste gadolinium, qui a été pris avec des tissus cardiaques à la fois sains et endommagés. Le gadolinium disparait rapidement dans les tissus cardiaques normaux, mais beaucoup plus lentement dans les tissus endommagés, ce qui révèle une différence de contraste entre le muscle cardiaque blessé et normal après 10 minutes environ. Ce phénomène, connu comme étant le rehaussement tardif du gandolinium, est un outil utile pour détecter la fibrose myocardique.

Les preuves de fibroses myocardiques étaient apparentes dans le ventricule gauche, la chambre de pompage principale du cœur, chez 10 des 55 hommes, ou 18 %, mais pas chez les femmes. Ces mêmes athlètes avaient parcouru des distances de cyclisme et de natation significativement plus importantes et ils avaient des pics de tension artérielle systolique dus à l’exercice plus élevés que leurs homologues qui n’avaient pas de fibrose cardiaque.

Le passé historique des compétitions des athlètes a montré que le nombre de triathlons Ironman réalisés et le nombre de triathlons de distance moyenne étaient beaucoup plus élevé dans la population des athlètes masculins comparée à la population d’athlètes féminines, ce qui montre que le risque de fibrose était probablement associé au niveau d’exercice réalisé.

“La comparaison des résultats des tests d’exercice a révélé que les triathlètes féminines avaient une tension artérielle systolique plus faible au plus fort de l’exercice, et qu’elles avaient une puissance maximale plus faible que les triathlètes masculins,” dit le Dr Starekova. “En outre, la comparaison du passé sportif a montré que les femmes avaient tendance à faire des distances plus courtes par rapport aux hommes. Ceci confirme le concept que la tension artérielle et les distances des courses pourraient avoir un impact sur la formation de la fibrose myocardique.”

Il y a plusieurs facteurs possibles pouvant expliquer ce lien entre la quantité d’exercice et le risque de fibrose cardiaque selon la chercheuse. La tension artérielle systolique élevée causée par l’exercice pourrait être la conséquence d’une plus grande masse myocardiaque, et plus d’exercice pourrait exposer l’athlète à un risque plus élevé de myocardite, ou inflammation du muscle cardiaque. Ces facteurs, en association avec un stress répété de la paroi du ventricule gauche à cause de l’exercice, peuvent endommager le muscle cardiaque.

D’autres facteurs pourraient être responsables de la différence frappante du risque de fibrose myocardique entre les hommes et les femmes comme la présence de testostérone. “Bien que nous ne puissions pas démontrer le mécanisme exact du développement de la fibrose cardiaque chez les triathlètes, la tension artérielle systolique plus élevée pendant l’exercice, la quantité et la portée des distances de course ainsi que des myocardites non décelées pourraient être des facteurs associés dans la genèse de la condition,” explique-t-elle.

“En d’autres termes, la répétition de toute activité athlétique extrême pourrait ne pas être bénéfique à qui que ce soit.”

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