Pour tout garçon ayant enduré plus de 30 minutes la selle d’un vélo, il y a habituellement une inquiétude à propos de l’étrange engourdissement qui a lieu en un endroit qui ne devrait pas s’engourdir. Eh bien, une étude apporte de bonnes et de mauvaises nouvelles [1].

Des chercheurs espagnols ont découvert que les cyclistes actifs de sexe mâle avaient une qualité de sperme plus faible, à un point pouvant même atteindre la stérilité. Entre autres choses, ils blâment le douloureux modèle de la selle de vélo qui fait passer la fonction avant la forme.

La bonne nouvelle est qu’à moins de vous entrainer pour le prochain Tour de France, le temps que vous passez sur la selle ne devrait pas causer de dommages à long terme.

Une équipe dirigée par le professeur Diana Vaamonde, de l’Université de Cordoba, a suivi l’entrainement de 15 triathlètes espagnols, âgés en moyenne de 33 ans, et qui s’entraînent depuis au moins huit ans, tout en enregistrant la morphologie de leur sperme.

Pour ceux qui faisaient partie du groupe test qui courrait plus de 290 kilomètres par semaine sur leurs vélos, le pourcentage de sperme semblant normal est descendu d’une moyenne du groupe de 10% à 4%, un taux où les problèmes de stérilité commencent. Le fait d’augmenter la natation ou la course à pieds n’affectait pas la qualité du sperme.

“Nous avons trouvé une corrélation statistique inverse entre la morphologie du sperme et le volume d’entrainement à vélo réalisé par semaine” explique Vaamonde. “Nous pensons que tous les facteurs inhérents à cette activité sportive, tout spécialement en considérant la partie cyclisme, pourraient affecter la qualité du sperme” ajoute-t-elle.

“En outre, nous pensons que l’homéostasie physiologique normale, cette capacité du corps à réguler son propre environnement, pourrait devenir irréversiblement altérée, et de ce fait résulter en des anomalies complexes.”

Vaamonde cite trois raisons possibles pour ces résultats : l’augmentation de la chaleur pendant l’exercice, la friction et la pression contre la selle causant des microtraumatismes aux testicules, et surtout la rigueur d’un exercice intense.

Les chercheurs espagnols ont confirmé une recherche datant de 2002 qui avait montré des résultats similaires sur des vététistes. Dans cette étude, le chercheur autrichien Ferdinand Frauscher avait testé 40 vététistes actifs (2 heures de vélo par jour) contre 30 non cyclistes.

Frauscher expliquait (comme seul un médecin le peut) les raisons possibles : “les causes exactes de la diminution de la motilité du sperme ne sont pas claires. Nous croyons que des traumatismes mécaniques répétés aux testicules résultent en certains degrés de dommages vasculaires, et pourraient de ce fait causer une réduction de la motilité du sperme.” Aïe !

Pour les adeptes occasionnels du vélo, le risque est très faible. Allan Pacey, andrologue de l’Université de Sheffield expliquait : “Il est important d’insister sur le fait que même si l’association entre le cyclisme et la morphologie médiocre du sperme est correcte, les hommes qui s’entraînent pour les triathlons passent bien plus de temps sur la selle que la moyenne des cyclistes amateurs ou que quelqu’un qui va au travail en vélo.”

Pour ceux qui ne peuvent s’accommoder de cette “selle irritante”, il y a toujours des selles anatomiquement correctes et des shorts rembourrés pour cyclistes, sans parler des vélos couchés. Sinon, mettez-vous à la course à pieds !

Références :

[1] Male fertility. Sperm morphology normalcy is inversely correlated to cycling kilometers in elite triathletes. Revista Andaluza de Medicina del Deporte, Sevilla, v. 2, n. 2, p. 43-46, juin 2009.

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