Le resvératrol, un antioxydant que l’on trouve dans les aliments et des boissons comme le vin rouge, le chocolat et le raisin, est considéré comme un composé ayant des effets anti-âge [1], mais une récente étude montre que ce composé pourrait finalement ne pas améliorer la longévité.

Dans cette étude italienne sur environ 800 adultes [2], les individus qui avaient une alimentation riche en resvératrol avaient la même probabilité que les autres de décéder sur une période de neuf ans, par rapport à ceux qui en consommaient de faibles quantités. En outre, le fait de consommer des quantités importantes de resvératrol n’était pas associé à une réduction du risque de cancer ni de maladie cardiovasculaire.

Il avait été montré, dans des études sur des animaux, que le resvératrol réduisait l’inflammation et qu’il augmentait la durée de vie des souris. Chez les êtres humains, il avait été suggéré que le fait de consommer des quantités importantes de resvératrol via des compléments alimentaires pouvait réduire les niveaux de cholestérol, et que cela apportait d’autres bénéfices cardiovasculaires et anti-cancer. Mais peu d’études avaient étudié si le resvératrol apportait des bénéfices aux niveaux que l’on rencontre normalement dans l’alimentation humaine.

“On pensait que certains aliments étaient bons pour vous parce qu’ils contenaient du resvératrol” explique l’auteur de l’étude, le Dr Richard Semba. “Mais ce n’est pas du tout ce que nous avons découvert”. Cependant, le vin rouge, le chocolat noir et le raisin pourraient tout de même être bons pour le cœur et apporter d’autres bénéfices, explique-t-il. Mais ces bénéfices pourraient ne pas provenir du resvératrol.

L’étude a impliqué 783 adultes âgés de 65 ans et plus qui vivaient dans la région de Chianti en Italie, où la consommation de vin rouge est fréquente. Au début de l’étude, les participants ont donné des échantillons de leur urine sur une période de 24 heures, qui ont ensuite été analysés pour leurs métabolites de resvératrol, ou les sous-produits décomposés. Les participants ont ensuite été divisés en quatre groupes selon la quantité de métabolites de resvératrol présents dans leurs urines.

Sur les neuf années pendant lesquelles les participants ont été suivis de 1998 à 2009, 268 d’entre eux sont décédés. Les participants de chacun des quatre groupes avaient un taux de décès équivalent pendant l’étude, environ un tiers dans chaque groupe.

En effet, sur les neuf ans de l’étude, 268 participants (34,3 %) sont décédés ; sur les 639 participants qui n’avaient pas de maladie cardiovasculaire au début de l’étude, 174 (27,2 %) ont développé une maladie de cœur ; et sur les 734 sujets qui n’avaient pas de cancer au début de la période, 34 (4,6 %) ont développé un cancer pendant le suivi. Les niveaux de métabolites de resvératrol dans les urines n’étaient donc pas associés au décès, ni à l’inflammation, ni aux maladies cardiovasculaires ni aux cancers.

Ces résultats montrent que le resvératrol seul pourrait ne pas apporter de bénéfices à la santé, et que le fait de prendre des suppléments de resvératrol n’est pas utile. Cependant, le vin rouge, le chocolat noir et les fruits rouges peuvent tout de même faire partie d’une alimentation bonne à la santé parce qu’ils contiennent d’autres composés antioxydants, comme des bioflavonoïdes, qui ont montré réduire l’inflammation et les caillots sanguins.

Le fait d’avoir un cœur en bonne santé est un tout, mais cela ne vient pas d’une “pilule magique”, concluent les chercheurs.

Le resvératrol peut inverser les bénéfices de l’exercice physique

Contrairement à la croyance populaire, l’utilisation de compléments alimentaires à base de resvératrol pourrait ne pas augmenter du tout les effets de l’entrainement par intervalles à intensité élevée.

Nombreux sont les conseils ou les sites internet relatifs à la santé qui recommandent de prendre du resvératrol comme complément alimentaire pour s’entrainer et augmenter la performance. Cependant, les résultats d’une étude [3] de chercheurs de Queen montrent que le resvératrol pourrait en fait contrarier la réaction du corps soumis à l’entrainement.

“Le moyen le plus simple pour profiter des bénéfices de l’activité physique est d’être physiquement actif”, explique le Dr Gurd. “L’efficacité du resvératrol pour ce qui est d’améliorer les fonctionnements métaboliques et cardiovasculaires ne sont pas aussi intenses que ce qu’on pensait.”

Le resvératrol est naturellement produit dans la peau des raisins rouges et est depuis longtemps associé à la santé surtout parce que ses bénéfices sont souvent liés à ceux d’une alimentation de type méditerranéen. Or les compléments alimentaires vendus dans le commerce portent souvent la mention selon laquelle ils seraient presque aussi efficaces que l’exercice physique.

Soixante participants qui faisaient moins de trois heures de sport d’endurance par semaine à l’époque où ils ont commencé cette étude, devaient réaliser un entrainement par intervalles à intensité élevée trois fois par semaine pendant quatre semaines. Pendant ce temps, les participants recevaient quotidiennement des doses de resvératrol ou un placébo.

Les résultats, après quatre semaines à ce rythme, ont montré que le fait de prendre des suppléments de resvératrol pouvait en fait s’opposer aux effets de l’exercice seul. Car le groupe qui prenait le placébo a affiché une augmentation de certains des bénéfices associés à l’activité physique, contrairement au groupe qui prenait du resvératrol et dont la forme physique ne s’est pas améliorée.

“Les résultats que nous avons trouvés montrent que le fait d’associer un entrainement physique et une supplémentation en resvératrol pourrait modifier la réaction normale du corps à l’entrainement sportif induite par l’entrainement par intervalles à intensité élevée de volume plus faible”, explique le chercheur. “Les données que nous avons enregistrées pendant cette étude montrent clairement que le fait de prendre des suppléments de resvératrol n’augmente pas l’entrainement, mais pourrait au contraire altérer ses effets sur le corps.”

Références :

[1] Le thème du “Paradoxe Français” est apparu suite à la constatation que les français avaient peu de maladies cardiovasculaires malgré une alimentation importante en cholestérol et en graisses saturées. Ceci avait été attribué à leur consommation régulière de vin rouge, et plus particulièrement grâce au resvératrol et aux autres polyphénols présents dans le vin. Certains éléments de preuve préliminaires avaient aussi suggéré que le resvératrol pouvait avoir des effets anti-inflammatoires, prévenir du cancer et réduire la rigidité des vaisseaux sanguins.

[2] Resveratrol Levels and All-Cause Mortality in Older Community-Dwelling Adults. Richard Semba, Luigi Ferrucci, Benedetta Bartali, Mireia Urpí-Sarda, Raul Zamora-Ros, Kai Sun, Antonio Cherubini, Stefania Bandinelli, Cristina Andres-Lacueva . JAMA Internal Medicine.

[3] Resveratrol supplementation does not augment performance adaptations or fibre-type–specific responses to high-intensity interval training in humans. Trisha D. Scribbans, Jasmin K. Ma, Brittany A. Edgett, Kira A. Vorobej, Andrew S. Mitchell, Jason G.E. Zelt, Craig A. Simpson, Joe Quadrilatero, Brendon J. Gurd. Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism, 2014, 39(11) : 1305-1313, 10.1139/apnm-2014-0070.

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