Après avoir injecté un placebo, des coureurs ont terminé une course de 3 kilomètres presque 10 secondes plus rapidement.

Une étude publiée dans le journal Medicine & Science in Sports & Exercise [1], a montré que des coureurs qui croyaient avoir reçu de l’EPO ont augmenté leur vitesse de plus de 3 secondes par kilomètre lors d’une course de 3 kilomètres, alors même qu’ils avaient reçu un placebo.

Des chercheurs Écossais ont rassemblé 15 coureurs amateurs masculins qui étaient cependant bien entrainés (ils courraient en moyenne 10 km en 39 mn environ). Pendant quelques semaines, ces hommes ont couru une série de courses de 3 kilomètres sur une piste de 200 mètres. Pendant l’une des études, les coureurs ont reçu une injection d’un produit dont on leur a dit qu’il s’agissait d’une substance appelée OxyRBX qui contenait des petites quantités d’EPO, un stimulant sanguin qui augmente les capacités d’endurance. En réalité, ils recevaient une solution saline qui n’avait aucune propriété en tant que stimulant de la performance.

Lors de la course de la fin de semaine dans laquelle ils croyaient recevoir de l’EPO, les hommes ont terminé la course de 3 km en moyenne 9,73 secondes plus vite, soit une accélération d’environ 3,25 secondes par kilomètre. Cette amélioration de 1,2 % “est statistiquement significative, physiologiquement pertinente et d’une grande importance dans un environnement de compétition sportive”, écrivent les auteurs. “Pour remettre ces résultats en contexte, lors des jeux Olympiques de 2012, la différence entre la médaille d’or et la quatrième place était à moins de 1 % dans toutes les épreuves allant du 1500 mètres à celle du 10000 mètres à la fois chez les hommes et chez les femmes.”

Mais le plus intrigant dans ces résultats était que les hommes couraient d’autant plus vite, quand ils avaient reçu l’injection, qu’ils croyaient que la substance délivrée les stimulerait.

“Presque tous ceux qui ont enregistré une amélioration marquée espéraient voir des changements positifs quand ils prenaient l’OxyRBX”, écrivent les auteurs. “Parmi ceux dont la performance s’était améliorée de façon moins marquée, les attentes tendaient à être plus mesurées. Certains ont admis qu’ils n’avaient pas anticipé de changement suite à leur prise d’OxyRBX.”

En moyenne, les coureurs ont rapporté avoir moins souffert de l’effort pendant la course qui a suivi leur semaine de dopage supposé. En même temps, les participants ont rapporté eux-mêmes qu’ils se poussaient plus dur pendant les courses de la fin de semaine (celles du dopage supposé), notent les auteurs. “Ceci peut être associé à l’effet placebo sur leurs capacités perçues – un certain nombre de participants a aussi rapporté avoir plus confiance dans leurs capacités sportives après avoir pris le placebo – ce qui a montré augmenter leur volonté de se dépasser dans l’effort lors les tâches éprouvantes.”

Cette conclusion est un élément important sachant toute l’étendue des ramifications de cette recherche. Car le fait d’ajouter un élément nouveau à votre programme d’entrainement pour lequel vous croyez sincèrement qu’il va améliorer votre performance, peut être une pratique qui s’auto-réalise. En effet, le fait de se dire soi-même qu’un entrainement de course à pied en pente par semaine, qu’une séance de musculation lourde ou différente de la routine habituelle, ou que pédaler au moins 20 kilomètres par jour pendant un mois de l’année va apporter de gros bénéfices, peut produire en retour une motivation supplémentaire, plus de confiance et de meilleurs résultats au final.

Références :

[1] The Effects of an Injected Placebo on Endurance Running Performance. Ross, Ramzy, Gray, Cindy M., Gill, Jason M. R. Medicine & Science in Sports & Exercise.

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