Des chercheurs du Centre du Diabète Joslin ont montré que tandis qu’un certain type de “bonne” graisse que l’on trouve dans le corps peut être activée par des températures froides, celle-ci n’est pas activée par l’éphédrine.

Les résultats, publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences [1], pourraient permettre d’arriver à des médicaments ou autres méthodes visant à activer la bonne graisse, mieux connue sous le nom de graisse brune. Quand elle est activée, cette graisse brune brûle des calories, et peut aider à lutter contre l’obésité.

“Nous faisions l’hypothèse que les agents qui travaillent de la même façon que le froid pour activer la graisse brune pouvaient constituer des approches prometteuses afin de combattre l’obésité, tout en minimisant les effets secondaires” explique le Dr Aaron Cypess, auteur de l’article. “En même temps, nous savons maintenant que l’éphédrine n’est pas l’un de ces moyens” ajoute-t-il.

La graisse brune se trouve naturellement chez les êtres humains et consomme des calories pour générer de la chaleur. Des études précédentes ont montré que la graisse brune pouvait être activée par l’exposition au froid dans un processus appelé la thermogénèse non-frissonnante.

Les chercheurs travaillent depuis des années pour trouver des moyens d’activer la graisse brune.

L’éphédrine, qui est un décongestionnant et un bronchodilatateur, a été utilisée comme médicament pour perdre du poids parce qu’elle augmente le nombre de calories brûlées et donc le métabolisme. Elle a cependant des effets secondaires.

Dans cette étude, l’équipe de Joslin a testé 10 sujets d’étude de trois façons. Ils recevaient chacun séparément soit des injections d’éphédrine, soit des injections salines de contrôle ou bien portaient des “vestes refroidissantes” spécialement fabriquées pour l’occasion. Après chaque intervention, l’activité de la graisse brune était mesurée en utilisant des PET/CT scans.

Les chercheurs ont trouvé que l’activité de la graisse brune était la même avec les injections d’éphédrine et salines. Cependant, après que les sujets aient porté les vestes refroidissantes pendant deux heures, leur activité de graisse brune a été significativement stimulée.

Les deux interventions, l’éphédrine et le port des vestes refroidissantes, a eu pour résultat le même nombre de calories brûlées, note le Dr Cypess. “Mais nous avons découvert que l’éphédrine n’utilisait pas la graisse brune pour ce faire. C’est la première fois que l’on découvre que l’éphédrine n’active en fait pas la graisse brune.”

Les deux interventions avaient d’autres effets sur le système nerveux sympathique, qui active la réaction de “lutte ou de fuite”, comme l’augmentation de la tension artérielle, mais non associée à l’activation de la graisse brune.

“Une exposition modérée au froid stimule la dépense d’énergie avec peu d’autres effets systémiques, suggérant que le froid active les voies sympathiques spécifiques” conclut l’article. “Les agents qui imitent l’activation du froid sur la graisse brune pourraient représenter une approche prometteuse pour traiter l’obésité tout en minimisant les effets systémiques.”

Il résulte de ces résultats que les laboratoires pharmaceutiques pourraient avoir plus de facilités pour développer des agents qui stimulent la graisse brune, afin d’aider les gens qui en ont besoin à perdre du poids, explique le Dr Cypess.

L’une de ces méthodes pourrait être simplement de réaliser des vestes refroidissantes que les individus pourraient porter pour les aider à perdre du poids. Une étude future aura des sujets portant les vestes pendant plusieurs semaines pour voir ce qui se passerait, dit le Dr Cypess.

“Obtiendront-ils les mêmes bénéfices à la santé qu’ils obtiendraient de plusieurs semaines de sport ? C’est la question à un million !” dit-il.
Enfin, ses résultats devraient aussi intéresser les chercheurs du cœur, intéressés par les mécanismes de l’activation du système nerveux sympathique.

Références :

[1] Aaron Cypess, Yih-Chieh Chen, Cathy Sze, Ke Wang, Jeffrey English, Onyee Chan, Ashley Holman, Ilan Tal, Matthew Palmer, Gerald Kolodny, C. Ronald Kahn. Cold but not sympathomimetics activates human brown adipose tissue in vivo. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2012 DOI : 10.1073/pnas.1207911109.

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