La recommandation de boire 6 à 8 verres d’eau par jour pour empêcher la déshydratation “n’est pas seulement une bêtise, mais c’est une bêtise réfutée” explique le Dr Margaret McCartney dans le British Medical Journal (BMJ) [1].

Il n’y a actuellement aucune preuve claire d’un bénéfice démontré dans la recommandation de boire des quantités plus importantes d’eau, dit-elle, pourtant le mythe du “nous ne buvons pas assez d’eau” a toujours ses infatigables avocats, y compris la Sécurité Sociale anglaise.

Le site internet de la sécurité sociale déclare qu’il faut “essayer de boire 6 à 8 verres d’eau (ou autres liquides) par jour pour prévenir la déshydratation”, tandis que de nombreuses écoles estiment qu’il est justifié d’insister sur le fait que les écoliers viennent à l’école avec leur bouteille d’eau.

D’autres organisations, souvent motivées par des intérêts commerciaux, renforcent ce message, dit-elle. Par exemple, Hydration for Health (l’hydratation pour la santé) créée par le géant de l’alimentaire Danone, fabricant de bouteilles d’eau minérale sous les marques Evian ou Volvic, recommande, non sans arrières pensées, qu’il faut boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour comme étant “le conseil d’hydratation le plus simple et le meilleur pour la santé que vous puissiez donner”. Il affirme aussi que “même une légère déshydratation joue un rôle dans le développement de nombreuses maladies”.

Mais McCartney argumente en disant qu’il n’existe aucune preuve publiée de qualité pour confirmer ces affirmations.

Elle indique plusieurs études ne montrant aucune preuve évidente de bénéfice dans le fait de boire des quantités importantes d’eau, et suggère qu’il pourrait y avoir des effets nocifs involontaires dans le fait d’imposer de boire plus d’eau que nécessaire.

“Il semblerait que l’eau ne soit pas qu’une simple solution aux multiples problèmes de santé” écrit-elle.

Par exemple, les comptes-rendus selon lesquels augmenter sa consommation d’eau chez les enfants pourrait améliorer la concentration et la performance mentale n’ont pas été confirmés par des études scientifiques, tandis que des données associant la consommation d’eau à une perte de poids chez des enfants obèses sont sujettes aux biais.

Alors qu’il y a des conditions qui tirent un bénéfice réel d’une consommation accrue d’eau, comme chez les personnes fréquemment atteintes de calculs rénaux, les autres éléments de preuve pour empêcher la maladie sont contradictoires, ajoute-t-elle. En d’autres termes, il s’agit d’une situation complexe qui ne se résoudra pas si facilement en disant à tout le monde de boire plus.

Démêler les preuves présentées par Danone “résulte en une sélection faible et trompeuse des preuves”, affirme-t-elle. Danone affirme que nous avons besoin de “choix informés”, mais leurs propres preuves ne confirment par leur appel à l’action.

Elle conclut : “il existe de nombreuses organisations ayant des intérêts financiers et commerciaux qui voudraient convaincre les médecins et les patients qu’il faudrait boire beaucoup plus. Nous devrions seulement dire non !”

Références :

[1] Health Marketing : Waterlogged ?
BMJ 2011 ;343.

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