Il y a beaucoup de débats autour de la “dose” optimale d’exercice physique à faire pour maximiser les bénéfices à la santé, avec quelques chercheurs qui affirment qu’une très petite quantité d’exercice, jusqu’à 5 minutes par jour, est meilleur pour le cœur et suffit. Ce qui rend l’étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology [1] particulièrement intéressante.

Cette étude a suivi 102 séniors âgés en moyenne de 70 ans, qui ont été divisés en quatre groupes :

 un groupe sédentaire, qui faisait moins de deux séances d’exercice de 30 minutes ou plus par semaine sur une période de 25 ans ;

 un groupe occasionnel, qui faisait environ 2 à 3 séances par semaine comme ci-dessus ;

 un groupe régulier, avec 4 à 5 séances par semaine toujours tel que ci-dessus ;

 un groupe de compétition, comptant 6 à 7 séances par semaine et qui faisait de la compétition.

Les chercheurs ont véritablement suivi ces séniors, avec des tests parfois invasifs, pour apprendre le plus de choses détaillées concernant le fonctionnement de leur cœur. Ils se sont notamment intéressés à la “compliance et à la distensibilité ventriculaire gauche”, c’est-à-dire dans quelle mesure le ventricule gauche du cœur est souple ou raide.

On sait que le ventricule gauche, qui est la chambre qui gonfle et se contracte pour pomper le cœur dans le système circulatoire, devient plus dur quand on vieillit, ce qui compromet son bon fonctionnement et qui est associé à un ensemble de problèmes cardiovasculaires comme l’hypertension, la fibrillation atriale et une forme d’insuffisance cardiaque. Il a aussi été établi que les athlètes de haut niveau conservaient des ventricules plus souples que leurs homologues sédentaires. Ce que cette étude voulait savoir, c’est quelle quantité d’exercice physique est nécessaire pour préserver cet aspect du fonctionnement du cœur.

Pour commencer, il faut d’abord noter le fait, qui n’étonnera personne, que plus les groupes faisaient d’exercice et plus leur VO2max était élevé :


Mais qu’en est-il de la souplesse de leur ventricule gauche ? Les mesures étaient extrêmement complexes, impliquant un IRM cardiaque, une échocardiographie, des cathéters à ballonnet, des pressions négatives sur le bas du corps jusqu’à la manipulation d’un obturateur cardiaque, etc. Pour finir par présenter cette image :


Le graphique montre comment le volume du ventricule gauche (l’axe horizontal) change en fonction de la pression (axe vertical), comment il est facilement étiré. Comme cela était prévu, les athlètes qui faisaient de la compétition avaient des ventricules gauches plus souples qui pouvaient s’élargir dans des volumes plus larges avec moins de tension. Mais le résultat nouveau ici est que le groupe “régulier” (qui faisait du sport 4 à 5 fois par semaine) avait aussi un avantage important, tandis que les sportifs occasionnels ou sédentaires sont pratiquement indiscernables.

Quelle est la conclusion de cette recherche ? Qu’il n’y a pas de bénéfices cardiovasculaires quand on ne fait que cinq minutes d’exercice physique par jour. En outre, il y a une différence mesurable du fonctionnement entre le groupe de sportifs réguliers et ceux qui font de la compétition. Pour cette mesure en particulier, plus c’est mieux.

Bien entendu, la mesure la plus intéressante est toujours le résultat, est-ce que les athlètes qui font du sport de haut niveau et de la compétition vivent plus longtemps ? Restent-ils en meilleure santé et sont plus actifs ? Cette étude ne répond pas à ces questions, mais elle apporte des éléments à l’idée selon laquelle un cœur actif est un cœur en bonne santé (et qu’un cœur très actif est encore en meilleure santé).

Références :

[1] Impact of lifelong exercise “dose” on left ventricular compliance and distensibility. Bhella PS, Hastings JL, Fujimoto N, Shibata S, Carrick-Ranson G, Palmer MD, Boyd KN2, Adams-Huet B, Levine BD. J Am Coll Cardiol. 2014 Sep 23 ;64(12):1257-66.

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