La thérapie magnétique, ou magnétothérapie, est une pratique alternative qui utilise les aimants, habituellement sous la forme de bracelets, de bagues, de bandes et de semelles (voire matelas), pour soulager certaines douleurs ou autres soucis de santé. La communauté médicale considère que ces produits magnétiques reposent sur des concepts pseudoscientifiques dénués de toute valeur thérapeutique qui ne vont pas au-delà de l’effet placébo.

En effet, de nombreuses études correctement réalisées ces trente dernières années ont montré que les appareils magnétiques statiques n’apportent pas plus de bénéfices que des appareils simulés sans aimants, ce qui démontre l’effet placebo que les aimants ont sur leurs utilisateurs. Néanmoins, la magnétothérapie reste extrêmement populaire, avec des ventes d’aimants “thérapeutiques” qui se comptent en millions d’euros.

Comment est-ce supposé fonctionner ?

Comme pour plusieurs formes de thérapies alternatives, la magnétothérapie repose sur des principes non scientifiques qui pourtant peuvent sembler plausibles. La thérapie magnétique est très ancienne, les guérisseurs traditionnels attribuaient déjà des propriétés magiques au mystérieux phénomène de la magnétite. Nombreux sont les guérisseurs qui, au début, croyaient que les pierres pouvaient ôter la maladie du corps. De nos jours, les mécanismes supposés de l’action est que les aimants amélioreraient l’afflux de sang dans les tissus sous-jacents.

Ceci semble plausible parce que le sang contient du fer, et que les aimants sont attirés et attirent le fer. Mais le fer dans le sang est entouré d’hémoglobine et n’est en fait pas ferromagnétique (qui est le type de magnétisme qui fait que des aimants collent au frigo). Au lieu de cela, le sang est diamagnétique quand il transporte l’oxygène et paramagnétique quand il ne transporte pas d’oxygène. Dans un cas comme dans l’autre, l’attraction est faible et non permanente.

Et heureusement, car si le sang était ferromagnétique vous pourriez rapidement mourir d’explosion ou d’hémorragie dès que vous passeriez sous un IRM, ou tout autre appareil magnétique, dans lequel les aimants utilisés sont des milliers de fois plus puissants que ceux incorporés dans les bracelets magnétiques ou autres objets.

Quoi qu’il en soit, les aimants utilisés pour ce type de thérapie ont des champs magnétiques qui sont généralement trop faibles pour pénétrer dans la peau. Vous pouvez facilement tester cela en observant la faible interaction entre une semelle magnétique et un trombone quand ils sont séparés par une chaussette. La peau humaine a une profondeur d’environ 3 millimètres, plus mince que certaines chaussettes.

Le second mécanisme d’action supposé de la magnétothérapie est que les aimants modifieraient, d’une manière ou d’une autre, l’équilibre énergétique électromagnétique du corps. Le problème ici est qu’il n’y a aucun concept reconnu par les biologistes ni par les médecins de ce qu’ils nomment “équilibre énergétique électromagnétique du corps”, ni du “flux vital” ni du “flux d’énergie” ou chi.

Flux vital ou non, les études sur la sécurité des puissants IRM n’ont révélé aucun effet visible des aimants sur le corps.

Ce que disent les études

La physique improbable mise à part, les études scientifiques sur des sujets humains n’ont pas réussi à démontrer l’efficacité des aimants utilisés pour traiter la douleur ou les raideurs des articulations ni des muscles. L’une des plus grandes études a été publiée en 2007 dans le Canadian Medical Association Journal, il s’agissait d’une revue systématique de nombreuses études publiées sur les aimants statiques.

Alors que certaines petites études de cette analyse avaient rapporté une certaine valeur thérapeutique, ce n’était pas le cas des études plus grandes. Les chercheurs de conclure que “les éléments de preuve ne supportent pas l’utilisation des aimants statiques pour soulager la douleur, et de ce fait les aimants ne peuvent pas être recommandés comme traitement efficace”.

L’un des résultats positif souvent cité par les avocats de la magnétothérapie est une étude datant de 1997 du Baylor College of Medicine intitulé “Response of pain to static magnetic fields in postpolio patients : a double-blind pilot study.” Cette étude dirigée par Carlos Vallbona a rapporté un “soulagement significatif et rapide de la douleur chez des sujets post-polio” par l’utilisation d’aimants de 300-500 gauss (environ 10 fois plus forts que ceux qu’on trouve sur un frigo) pendant 45 minutes sur la région du corps affectée de 50 patients en douleur.

Il s’agissait d’une étude correcte, bien que petite, par un groupe de recherche respecté. Il a cependant rarement été précisé qu’il ne s’agissait que d’une étude pilote. Vallbona n’a jamais reproduit ses résultats dans une étude plus importante et, en fait, n’a plus jamais de nouveau publié quoi que ce soit sur le sujet.

Les aimants qui marchent

La magnétothérapie ne doit cependant pas être confondue avec la thérapie par champs électromagnétiques pulsés (PEMFT) qui est utilisée pour soigner les os et, plus récemment, contre la dépression. Dans la PEMFT, au lieu d’un aimant statique relativement faible, les médecins utilisent une machine spéciale pour appliquer des impulsions d’énergie électromagnétique intense à la région affectée pour initier la guérison. Pour les fractures des os, les impulsions induisent des signaux électriques à un niveau subcellulaire qui stimulent les éléments chimiques dans les cellules pour réparer les tissus endommagés.

Cette thérapie date du début des années 1900 et Nikola Tesla est l’un des pionniers de l’utilisation de l’électricité. La technique avait d’abord été utilisée sur des animaux, comme des chevaux de course souffrant d’os brisés, avant d’être reconnue comme sans danger pour les humains dans les années 1970.

Avec de nombreuses études publiées, la communauté médicale accepte désormais largement le recours à la thérapie par champs électromagnétiques pulsés pour certains types de traitement d’os cassés. Cette thérapie dans le cadre du traitement de la douleur, guérison de blessures et dépression apparait être prometteuse selon d’autres études médicales, mais cette utilisation de la thérapie par champs électromagnétiques pulsés est généralement moins acceptée par les praticiens.

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