Une étude publiée dans Nature par des scientifiques du College of Medicine Albert Einstein [1] montre qu’il ne sera sans doute pas possible d’allonger la durée de vie au-delà des âges qui ont déjà été atteints par les personnes les plus âgées dans le monde.

Depuis le 19° siècle, l’espérance de vie moyenne a continuellement augmenté grâce aux améliorations de la santé publique, de l’alimentation, de l’environnement, de l’hygiène et d’autres domaines. En moyenne par exemple, un bébé qui nait aujourd’hui peut espérer vivre jusqu’à l’âge de 79 ans à comparer à l’espérance de vie moyenne en 1900 qui était de 47 ans. Depuis les années 1970, la durée de vie maximum, l’âge jusqu’auquel les gens les plus vieux vivent, a aussi augmenté. Mais selon les chercheurs, cette courbe croissante de la longévité maximale a un plafond, et nous l’aurions déjà atteint.

“Les démographes tout comme les biologistes soutiennent qu’il n’y a pas de raison de penser que l’augmentation de la longévité en cours va s’arrêter,” explique le Professeur Jan Vijg. “Mais nos données montrent solidement qu’elle a déjà été atteinte et que cela est arrivé dans les années 1990.”

Le Dr. Vijg et ses collègues ont analysé les données de la Human Mortality Database (Base de Données de la Mortalité Humaine) qui compile les données sur la mortalité et la population provenant de plus de 40 pays. Depuis 1900, ces données affichent généralement un déclin de la mortalité tardive : la fraction pour chaque cohorte de naissance (i.e. les individus nés une année particulière) qui vivent vieux (défini comme étant au-delà de 70 ans et plus) augmentait avec leur année calendaire de naissance, pointant vers une augmentation continue de l’espérance de vie moyenne.

Mais lorsque les chercheurs ont analysé les améliorations de la survie depuis 1900 pour les gens âgés de 100 ans et plus, ils ont trouvé que les gains en termes de survie ont atteint un sommet autour de 100 ans pour ensuite rapidement décliner, quelle que soit l’année de naissance des individus. “Ces résultats indiquent des gains en diminution en réduisant la mortalité tardive et une possible limite de l’espérance de vie humaine,” dit le Dr Vijg.

Lui et ses collègues ont ensuite analysé les données de “l’âge maximum rapporté au décès” de la Base de Données Internationale de la Longévité. Ils se sont focalisés sur les personnes qui ont vécu jusqu’à 110 ans et plus (âge vérifié) entre 1968 et 2006 dans les quatre pays (USA, France, Japon et Royaume-Uni) qui comptent le plus grand nombre d’individus vivant si vieux. L’âge de la mort pour ces super-centenaires a rapidement augmenté entre les années 1970 et le début des années 1990 mais a atteint un plateau vers 1995 – ce qui est une preuve supplémentaire de la limite de la longévité. Ce plateau, notent les chercheurs, est apparu près de 1997, l’année de la mort de Jeanne Calment à 122 ans, qui a eu la plus longue longévité documentée à ce jour.

En utilisant les données de l’âge du décès maximal rapporté, les chercheurs ont établi l’espérance de vie maximale moyenne des êtres humains à 115 ans – un calcul qui permet à des individus qui vivent plus vieux de vivre occasionnellement plus que 115 ans ou moins (ils concluent que Jeanne Calment était une donnée statistique aberrante). Finalement, les chercheurs ont calculé que 125 ans était la limite absolue de la durée de vie d’un être humain. Exprimé d’une autre façon, cela signifie que la probabilité pour une année donnée de voir quelqu’un vivre jusqu’à 125 ans partout dans le monde est de moins de 1 sur 10 000.

“Les progrès futurs contre les maladies infectieuses et chroniques peuvent continuer à augmenter l’espérance de vie moyenne, mais pas la durée de vie maximum,” dit le Dr. Vijg. “Alors qu’il est concevable que les percées thérapeutiques puissent allonger la longévité humaine au-delà des limites que nous avons calculées, de telles avancées auraient besoin d’outrepasser les nombreuses variations génétiques qui apparaissent déterminer collectivement la durée de la vie humaine. Peut-être que les ressources désormais dépensées pour augmenter la durée de la vie devraient plutôt viser à allonger la durée de vie en bonne santé.”

Références :

[1] Xiao Dong, Brandon Milholland, Jan Vijg. Evidence for a limit to human lifespan. Nature, 2016.

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