Il demeure des désaccords à propos des bénéfices pour la santé d’une consommation modérée d’alcool.

Tandis que le fait de boire modérément, de un à moins de trois verres d’alcool par jour, est associé à une réduction de la mortalité chez les adultes d’âge moyen et les plus âgés, il existe aussi un sujet de polémique selon lequel les bénéfices à la santé d’une consommation modérée d’alcool ont été surestimés. Une étude sur l’association entre la boisson et la mortalité sur une période de 20 ans [1], qui a contrôlé des facteurs confondants comme les problèmes antérieurs avec la boisson, confirme une association entre une consommation modérée d’alcool et une réduction de la mortalité chez les adultes les plus âgés.

“Bien que l’abus d’alcool soit lié à de nombreux problèmes médicaux, des preuves empiriques considérables indiquent que boire modérément est associé à une réduction de la mortalité totale” explique le Professeur de psychologie Charles Holahan,de l’Université du Texas et auteur de l’étude. “Nous nous attendions à ce qu’une part substantielle des bénéfices à la santé associés à une consommation modérée d’alcool soient dus à des facteurs perturbateurs associés à une abstinence de l’alcool. Par exemple, les abstinents pourraient comprendre d’anciens buveurs alcooliques qui ont eu des problèmes de santé, ou des individus atypiques en terme de facteurs sociodémographiques et de comportements sociaux, ce qui pourraient augmenter les risques à la santé.”

“Aucune des études qui ont examiné l’association entre la boisson et la mortalité, et les maladies cardiovasculaires, n’ont été des études expérimentales dans lesquelles un groupe de gens était choisi au hasard pour boire une quantité donnée d’alcool ou ne rien boire” observe Alison Moor, professeure de médecine.

“Toutes ces études sont des études épidémiologiques, dans lesquelles les personnes qui consomment différentes quantités d’alcool sont comparées à celles qui n’en boivent pas. Parce que les conditions dans ces études d’observation ne sont pas contrôlées et les caractéristiques des personnes qui choisissent de boire différentes quantités d’alcool ou pas diffèrent beaucoup, il est impossible de prouver que la consommation d’alcool cause une réduction des risques de maladie de cœur, des diabètes ou de la mortalité.”

Pour cette étude, qui a utilisé les données d’une étude plus vaste sur les types de buveurs et les problèmes qu’ils vivent, des chercheurs ont suivi 1824 adultes plus âgés (1142 hommes et 682 femmes) âgés entre 55 et 65 ans sur 20 ans, qui étaient soit d’anciens buveurs soit buvaient encore. L’information collectée comprenait la consommation quotidienne d’alcool, les facteurs sociodémographiques, les problèmes passés associés à la boisson, les facteurs liés à la santé et ceux relatifs aux comportements sociaux. Les décès étaient confirmés par le certificat de décès.

“En ne contrôlant que l’âge et le sexe, la mortalité était plus élevée chez les abstinents et les gros buveurs, et plus faible chez les consommateurs modérés” dit Holahan. “Le fait de contrôler les problèmes passés vis-à-vis de l’alcool, les problèmes de santé actuels et les facteurs sociodémographiques et socio-comportementaux, a substantiellement réduit l’effet de la mortalité chez les abstinents comparés aux buveurs modérés. Cependant, même après avoir ajusté tous les covariants, les abstinents et les gros buveurs continuaient à montrer un risque de mortalité supérieur de 49 et 42 % comparés aux buveurs modérés.”

“En d’autres termes, l’association entre une consommation modérée d’alcool et un risque réduit de mortalité chez les adultes les plus âgés est réduite, mais toujours présente quand on prend en compte les facteurs qui affectent à la fois la consommation d’alcool et la mortalité” dit Moore. “Par exemple, le statut socioéconomique a été un facteur consistant dans le lien entre la consommation d’alcool et la mortalité. Ce qui veut dire que ceux avec les revenus les plus élevés et/ou les plus diplômés sont moins susceptibles d’être des abstinents et de décéder.”

Ainsi, les bénéfices d’une consommation modérée d’alcool sont compliqués, parce qu’un nombre important et sous-jacent de risques à la santé sont corrélés avec une abstinence.

“Nos résultats démontrent que les abstinents étaient significativement plus susceptibles d’avoir eu des problèmes avec la boisson dans le passé, d’être obèses et d’être des fumeurs que les buveurs modérés, et qu’ils avaient significativement plus de problèmes de santé que les buveurs modérés, plus de symptômes dépressifs et de évitaient les relations” dit le chercheur. “En outre, les abstinents avaient un statut socioéconomique significativement moins élevé que les buveurs modérés, ils faisaient aussi moins d’activité physique, avaient moins d’amis proches et moins de soutien, et ils étaient aussi significativement moins susceptibles d’être mariés que les buveurs modérés. Tous ces facteurs associés à l’abstinence étaient de bons indicateurs de la mortalité.”

Les chercheurs répètent que tous les bénéfices à la santé sont associés à une consommation modérée d’alcool. “Les personnes les plus âgées qui boivent de l’alcool devraient se rappeler que consommer plus de deux verres par jour est associé à une augmentation des chutes, à davantage de problèmes relatifs à l’alcool et à des interactions secondaires potentielles avec les médicaments” dit Holahan. “En outre, les non buveurs ne doivent surtout pas commencer à boire en pensant que cela va améliorer leur santé.”

Références :

[1] Late-Life Alcohol Consumption and 20-Year Mortality. Alcoholism : Clinical & Experimental Research.

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