Il n’y a pas d’autre endroit où le pouvoir curatif des bains très chauds est le plus respecté qu’au Japon. Là-bas, des chercheurs ont trouvé par exemple que les niveaux de cortisol, l’hormone du stress, chutaient après un bain relaxant dans un baquet brulant [1]. La chaleur est aussi prescrite pour des conditions qui vont de l’arthrite aux douleurs chroniques. Mais quand il s’agit du sport et des blessures des athlètes, la chaleur n’est pas toujours la meilleure solution.

Le conseil traditionnel est d’appliquer du froid sur les blessures vives, par exemple sur une entorse ou une contusion, et de réserver la chaleur pour les douleurs insistantes qui persistent pendant des semaines ou des mois. La raison est que les nouvelles blessures sont souvent accompagnées de gonflements.

Le froid comprime les vaisseaux sanguins pour limiter le gonflement, alors que la chaleur peut avoir l’indésirable effet contraire. Les blessures chroniques, d’un autre côté, sont souvent tendues et accompagnées de tissu cicatrisé, ainsi la chaleur permet de ramollir et de relâcher les muscles autour de la blessure, ce qui leur permet de se mouvoir plus librement.

Les chercheurs pensent que pour détendre le muscle, la chaleur doit augmenter la température de la peau de 3 à 4°C pendant environ 5 minutes. Le problème est que quand vous mettez une poche de chaleur sur votre peau, l’effet de chaleur le plus important se limite à même pas 1 centimètre de peau en profondeur de votre corps. Même à 2,5 centimètres sous la surface de la peau, une poche de chaleur augmente en général la température du muscle de moins de 1°C.

Les couvertures électriques, les bouteilles d’eau chaude, les saunas et même les bains chauds aussi qualifiés de sources de chaleur “superficielles” ne pénètrent pas bien profond dans vos muscles. Les tissus chauffés profondément nécessitent la plupart du temps le recours à des machines, comme par exemple des appareillages libérant de l’énergie sous forme d’ultrasons, d’ondes courtes ou de micro-ondes. Plusieurs études ont trouvé que les machines à ondes courtes peuvent produire des modifications de température des muscles de l’ordre de 4°C à une profondeur de plus de 2,5 centimètres.

Alors est-ce que la chaleur marche ? Selon une analyse de la littérature des études scientifiques disponibles réalisée par la Collaboration Cochrane [2], “il y a des preuves modérées issues d’un petit nombre d’études” selon lesquelles les enveloppes de chaleur peuvent soulager les lombalgies. Par exemple, quelques études ont trouvé que le fait de s’envelopper de chaleur pendant cinq jours avait réduit les maux dos de 17% chez des volontaires par rapport à ceux qui n’avaient pas appliqué de chaleur et qui avaient reçu un placébo à la place.

Cela apporte un peu de crédibilité à l’idée selon laquelle vous pourriez soulager vos douleurs lancinantes à travers tout le corps en appliquant une poche de chaleur, voire même en vous plongeant dans une baignoire fumante.

Mais l’utilisation la plus commune et la mieux confirmée de la chaleur est immédiatement avant l’exercice physique, pour aider à prévenir toute blessure ou plutôt faciliter la récupération d’un muscle en vue d’un effort prolongé. Tout comme un échauffement correct permet de s’assurer que les muscles et les tendons sont relâchés et souples, concentrer de la chaleur en un point précis sur une douleur persistante permet de s’assurer que les muscles affectés sont aussi chauds que possible avant de commencer à les utiliser.

Une étude de 2005 publiée dans les Archives of Physical Medicine and Rehabilitation [3] a trouvé que le pré-échauffement des muscles des mollets avec une poche de chaleur permettait une flexion de plus grande amplitude de la cheville, même sans étirements supplémentaires. La poche de chaleur, dans ce cas précis, a commencé à environ 80°C et a été appliquée pendant 15 minutes ; des serviettes placées entre la poche de chaleur et la peau des sujets assuraient que cela n’excédait pas une chaleur “supportable”. Comme on s’y attendait, la chaleur en profondeur en utilisant une machine à ondes courtes a produit une plus grande augmentation de la souplesse.

En général, les preuves cliniques de l’utilisation de la chaleur évoquent peu de recommandations : utilisez-la avant l’exercice plutôt qu’après, et ne l’utilisez pas sur une blessure toute récente. Au-delà de ça, les éléments de preuves sont assez minces pour que cela se limite aux préférences personnelles. De toute façon, ça ne fera pas de mal, et comme les chercheurs Japonais l’ont montré, ça pourrait même vous faire du bien !

Références :

[1] K. Mizuno et al. Effects of mild-stream bathing on recovery from mental fatigue. Medical Science Monitor, 2010, 16(1), CR8-14.

[2] S.D. French et al. Superficial heat ou cold for low back pain. Cochrane Library, 2010.

[3] V. Robertson et al. The effect of heat of tissue extensibility : a comparison of deep and superficial heating. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 2005, 86, 819-825.

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