De nombreuses personnes croient qu’un verre de vin en mangeant va les aider à vivre plus vieux et en meilleure santé, mais une recherche montre que les éléments de preuve scientifique en faveur de cette idée sont au mieux bancals. Les résultats de cette étude publiée dans le Journal of Studies on Alcohol & Drugs [1] peuvent sembler surprenants car d’innombrables articles de journaux et de magazines ont fait état de recherches qui affirment que boire modérément était associé à tout un ensemble de bénéfices à la santé, qui vont des maladies cardiovasculaires à une espérance de vie plus longue.

Mais cette nouvelle analyse a étudié plus en profondeur ces études qui s’élèvent à 87 en tout. Celle-ci a trouvé que beaucoup d’entre elles comportaient des défauts importants, avec des méthodologies qui suggèrent des bénéfices où il n’y en avait en réalité aucun. L’un des problèmes clé est la façon dont ces études ont défini les “abstinents”, explique le Dr Tim Stockwell.

Le plus souvent, les études ont comparé les buveurs modérés (les individus qui boivent jusqu’à deux verres d’alcool par jour) avec les abstinents “actuels”. Le problème est que ce groupe d’abstinents peut comprendre des gens qui sont en mauvaise santé et qui ont arrêté de boire de l’alcool (souvent par obligation). L’une des questions fondamentales est de savoir avec ou contre qui ces buveurs modérés ont été comparés, demande Stockwell.

Quand son équipe a corrigé les données de ces biais sur les abstinents et pris en compte d’autres problèmes de méthodologie des études, les buveurs modérés n’affichaient plus aucun avantage en termes de longévité. En outre, seules 13 des 87 études avaient réussi à éviter cet écueil du groupe de comparaison défectueux des abstinents, et lorsque c’était le cas, ces études n’ont pas démontré de bénéfices à la santé d’une consommation d’alcool.

Stockwell ajoute qu’avant que ces corrections soient faites, ce sont en fait les buveurs “occasionnels” – ceux qui buvaient moins d’un verre par semaine – qui vivaient les plus vieux. Et il est peu probable qu’une telle fréquence de consommation d’alcool ait été la raison de leur longévité. “Ces personnes avalaient une dose d’alcool biologiquement insignifiante”, précise-t-il.

Ajoutons que ces études avaient associé une consommation modérée d’alcool à un ensemble invraisemblable de bénéfices pour la santé. Comparés aux abstinents par exemple, les buveurs modérés avaient montré qu’ils réduisaient leurs risques de surdité et même de cirrhose du foie ! “Soit l’alcool est une panacée, soit le fait de boire modérément est réellement un marqueur de quelque chose d’autre,” dit Stockwell.

Leur étude n’a cependant pas analysé si certains types d’alcool, comme le vin rouge, étaient associés à une plus grande longévité. Mais si c’était le cas, il serait peu probable que la quantité d’alcool elle-même soit à l’origine de ces bienfaits. “Il y a une idée générale fort répandue qui dit que l’alcool est bon pour nous, parce que c’est ce qu’on entend régulièrement un peu partout,” dit le chercheur. “Mais il y a de nombreuses raisons d’être sceptique face à ces affirmations,” conclut-il. [2] [3] [4] [5]

Références :

[1] Stockwell, T., Zhao, J., Panwar, S., Roemer, A., Naimi, T., & Chikritzhs, T. (March 2016). Do “moderate” drinkers have reduced mortality risk ? A systematic review and meta-analysis of alcohol consumption and all-cause mortality. Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 77(2), 185-198.

[2] Greenfield, T. K. (March 2016) The importance of methodological meta-analyses and a call to assess current and former drinking patterns : A commentary on Stockwell et al. (2016). Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 77(2), 199-200.

[3] Connor, J. L. (March 2016). Moderate drinkers and mortality risk : A commentary on Stockwell et al. (2016). Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 77(2), 201-202.

[4] Rehm, J., Roerecke, M., & Room, R. (March 2016). All-cause mortality risks for “moderate drinkers” : What are the implications for burden-of-disease studies and low risk-drinking guidelines ? Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 77(2), 203-204.

[5] Stockwell, T., Zhao, J., Naimi, T., & Chikritzhs, T. (March 2016). Moderate use of an “intoxicating carcinogen” has no net mortality benefit : Is this true and why does it matter ? Stockwell et al. respond. Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 77(2), 205-207.

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