Pendant des années, les scientifiques du sport ont focalisé leur attention sur deux extrémités situées à l’opposé du spectre athlétique : l’endurance et la vitesse. Mais les exigences de sports comme le football, le rugby ou encore le basketball font qu’ils ne peuvent pas être classés uniquement dans l’une ou l’autre de ces catégories. Des études sur le temps-mouvement, qui ont utilisé des GPS et des vidéos de pistage, ont trouvé que les meilleurs joueurs de football couvraient plus de 12 kilomètres sur la durée d’un match typique, ce qui exige certainement de l’endurance. [1]

D’un autre côté, des matches sont gagnés ou perdus quand un joueur en bat un autre au sprint pour atteindre la balle de quelques mètres avant l’adversaire. La même analyse avait trouvé que les joueurs faisaient quelque-chose comme 20 à 60 sprints courts et à fond pendant un match, chacune de ces accélérations durant de deux à quatre secondes et couvrant entre 10 et 30 mètres. C’est cette aptitude à sprinter de façon répétitive qui fait la différence entre les bons joueurs et les meilleurs, et les scientifiques ont finalement commencé à étudier comment améliorer cette qualité.

La première fois que vous sprintez pendant un match, environ 80% de l’énergie dont vous avez besoin est apportée par des sources de carburant à court terme qui ne nécessitent pas d’oxygène, tandis que les 20% restant sont aérobique. Avec des courtes périodes de récupération entre les accélérations, le composant aérobique monte jusqu’à environ 50% quand vous faites votre troisième sprint, et atteint éventuellement 75% pour chaque sprint après avoir joué pendant un certain temps.

À ce niveau, selon le chercheur Stuart Phillips de l’Université McMaster [2], il faut puiser dans ses stocks d’hydrates de carbone (sucres) de la même façon que le font les coureurs longue distance. Par conséquent, les stratégies qui cherchent à optimiser l’approvisionnement en énergie sont essentiellement les mêmes que celles des défis d’endurance : il faut s’assurer que les stocks d’hydrates de carbone soient pleins avant que le match commence, et essayer de les garder au plus haut pendant toute la durée du match.

Alors quelle est la meilleure manière d’améliorer son aptitude à maintenir cette possibilité de sprinter jusqu’à la fin d’un match ? Dans une étude de 2010, des chercheurs français ont comparé deux approches [3]. Un groupe de jeunes joueurs espoirs de foot de haut niveau se sont concentrés sur le développement de leur force explosive une fois par semaine, en réalisant des séries de sauts verticaux et horizontaux, de courses d’obstacles et de sprints.

Un autre groupe s’est concentré sur des entrainements répétés de sprints, faisant trois séries de six sprints allers-retours (il fallait courir 20 mètres, toucher le sol, puis retourner à la position de départ le plus rapidement possible) avec environ 20 secondes de repos entre les sprints. Les deux groupes ont amélioré leur vitesse maximale pour un seul sprint, mais seul le deuxième groupe a amélioré son temps pour des sprints répétés, distinction cruciale étant donné que plusieurs études ont trouvé que la performance lors des tests de sprints répétés est un indicateur fort d’une meilleure performance pendant un match.

Les mêmes modèles ont été retrouvés dans d’autres sports. Le rugby est similaire au football, avec des joueurs qui couvrent environ 10 kilomètres pendant une rencontre, et qui passent environ 25% de ce temps dans la “zone de performance critique” où ils courent après le ballon ou après un adversaire, proche de leur intensité maximale. En hockey sur glace, les joueurs ne couvrent que 4 kilomètres, mais passent la moitié de leur temps dans la zone de performance critique.

Les joueurs de basketball, qui jouent sur une surface plus réduite, couvrent environ 2 kilomètres et passent 20% de leur temps de match dans la zone de performance critique. Chaque sport à des exigences légèrement différentes, mais ils ont tous un rythme départ-arrêt auquel les sportifs peuvent se préparer en faisant des sprints répétés avec de courts repos et des changements de direction rapides.

Références :

[1] Matt Spencer et al. Physiological and metabolic responses of repeated-sprint activities specific to field-based team sports. Sport Medicine, 2005, 35(12), 1025-1044.

[2] Stuart Philips, Team Sports in Sports Nutrition : From lab to kitchen, Meyer & Meyer Sport, 2010.

[3] Martin Buchheit et al. Improving repeated sprint ability in young elite soccer players : repeated shuttle sprint vs explosive strength training. Journal of Strength and Conditioning Research, 2010.

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