Les gens sont facilement influencés par les tailles des aliments, et ils mangeront plus s’ils croient consommer une “petite” portion contre une “grosse”. Et pour ne rien arranger, les consommateurs ne sont pas conscients de leur trop grande indulgence.

L’étude, publiée dans le Journal of Consumer [1], a découvert que cet effet de distorsion, dans la perception et le comportement alimentaire, est pire encore pour les personnes qui ne se sentent pas concernées par leur nutrition, et pour celles qui sont distraites par d’autres tâches.

Les résultats suggèrent que les étiquettes évoquant le volume contenu contribuent à l’épidémie d’obésité, disent les chercheurs. Ces dernières décennies, les tailles des portions alimentaires ont augmenté, en même temps que le tour de taille de la population.

“Les gens ne réalisent pas qu’ils mangent plus, ainsi ils trompent leurs estomacs” dit le chercheur de l’étude Aradhna Krishna. Ceci peut conduire à une surconsommation involontaire, et peut causer l’obésité.

Mal juger la taille

Les résultats reposent sur cinq expériences, quatre d’entre elles ont été dirigées dans des conditions de laboratoire, et une en situation dans la vraie vie.

Dans la situation réelle de la vie, les chercheurs ont secrètement manipulé les aliments proposés lors d’une réunion de 76 cadres. Ils ont mis des assiettes contenant chacune 15 cookies (un poids de 80 grammes),sur les tables pendant la pause. Bien que les assiettes soient toutes identiques, certaines tables étaient étiquetées “moyenne”, et d’autres “grande”.

Les cadres qui pensaient consommer des cookies de taille moyenne en ont mangé en moyenne 12,02 grammes de plus que ceux qui pensaient manger de gros cookies.

Cependant, ceux qui avaient mangé les cookies “moyens” plus tard ont déclaré avoir moins mangé que ceux qui avaient mangé les “grands” cookies.

Les chercheurs ont trouvé des résultats identiques dans des études en laboratoire, dans lesquelles on avait demandé aux participants de juger la taille, puis d’avaler des paquets de bretzels, de cacahuètes et de cookies.

Quand on donnait une tâche à faire aux sujets pendant qu’ils mangeaient, ces distorsions étaient exacerbées. Par exemple, les participants (qui faisaient leurs jugements quand l’assiette n’était pas devant eux) déclaraient qu’un bol qui contenait en réalité 10 mini sandwiches n’en contenait que huit quand il était catalogué comme “petit”. Mais quand les participants devaient faire une tâche pendant qu’ils mangeaient, il disaient qu’il contenait environ 7 sandwiches.

La situation ressemble à celle de la vie de tous les jours, quand les gens essayent de faire plusieurs choses à la fois. “Ils sont même moins capables de percevoir quelle est la quantité exacte, et ils se fient plus à l’étiquette” dit Krishna.

Petit contre grand

Mais que peut être l’effet d’étiquetages plus ambigus et non explicites propres à certaines marques (du genre “Venti” chez Starbuck) ? Les chercheurs n’ont pas étudié directement la question, mais ils supposent que l’ambigüité pourrait empirer les choses.

“Il est même possible de s’abandonner à cette gloutonnerie innocemment, parce que vous pouvez vous convaincre vous-même de tout” dit le chercheur. “Si vous prenez un ’Venti’, vous pouvez vous convaincre que ce n’est pas réellement gros, parce que le mot n’a aucune signification pour vous.”

Pour améliorer la situation, Krishna déclare qu’il faudrait rendre les tailles des portions plus claires, et notamment afficher quelle est la taille normale pour un adulte. Pour ce faire, les tailles “petite”, “moyenne” et “grande” devraient être standardisées dans toutes les chaines de restaurant.

Références :

[1] ResearchGuiltless Gluttony : The Asymmetric Effect of Size Labels on Size Perceptions and Consumption. Nİlüfer Z. Aydinoğlu, Aradhna Krishna

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