Les exercices physiques qui exercent une pression plus importante sur les os, comme la course à pieds, peuvent améliorer la santé des os à long terme de façon plus efficace que des activités qui n’impliquent pas de porter son poids comme le cyclisme ou la natation. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés des chercheurs dans le cadre d’une étude [1] qui a mesuré les niveaux des hormones de coureurs d’ultra-marathons en montagne.

Des recherches précédentes de l’Istituto Ortopedico Galeazzi de Milan avaient trouvé que les cyclistes dans des conditions d’ultra-endurance souffraient d’une résorption chronique de la masse osseuse, où le calcium des os est libéré dans le sang, ce qui affaiblit les os. Dans cette étude, les mêmes chercheurs ont voulu savoir si un même groupe d’athlètes de haut niveau, composé de coureurs d’ultra-marathons de montagne, avait le même problème.

Les chercheurs ont mesuré deux constituants vitaux des os et les hormones associées à la régulation de l’énergie. L’ostéocalcine et le P1NP sont deux protéines associées à la formation des os et leurs niveaux dans le sang sont un indicateur de la santé des os. Le glucagon, la leptine et l’insuline sont les hormones impliquées dans le métabolisme de régulation et elles indiquent les besoins en énergie du corps. Le fait d’augmenter les niveaux de glucagon indique une demande en énergie, tandis que des niveaux d’insuline et de leptine en augmentation indiquent des niveaux d’énergie adéquats ou excessifs. Les chercheurs ont mesuré ces trois hormones tout comme les niveaux d’ostéocalcine et de P1NP chez 17 coureurs entrainés avant et après un ultra marathon en montagne de 65 km, et les ont comparé aux hormones et aux constituants des os de douze adultes du même âge qui ne faisaient pas cette course mais qui faisaient de l’exercice physique modéré ou léger.

Par rapport au groupe de contrôle, les coureurs d’ultra marathon avaient des niveaux plus élevés de glucagon et des niveaux plus faibles de leptine et d’insuline à la fin de la course. Les niveaux d’insuline en baisse à l’intérieur de ce groupe étaient associés à des niveaux d’ostéocalcine et de P1NP également en baisse, ce qui montre que les athlètes pourraient rediriger l’énergie provenant de la formation des os pour aller alimenter les demandes élevées en énergie de leur métabolisme. Cependant, les coureurs d’ultra marathon avaient des niveaux de P1NP plus élevés au repos comparés au groupe contrôle, ce qui suggère qu’ils pourraient rediriger l’énergie venant des os pendant la course mais qu’ils ont un gain net de la santé des os sur le long terme.

“L’homme et la femme de tous les jours ont besoin d’exercice modéré pour garder la santé,” dit le Dr Giovanni Lombardi, auteur de l’étude. “Cependant, nos résultats montrent que ceux qui ont un risque de fragilisation de leurs os feraient mieux de courir plutôt que de nager ou de faire du vélo.”

L’une des théories pouvant expliquer l’effet des différents exercices sur la formation des os vient du rôle de l’ostéocalcine, explique le Dr Lombardi. “Des études passées ont montré que l’ostéocalcine communique avec les cellules bêta dans le pancréas, ce qui régule le métabolisme du glucose dans le corps,” dit-il. “Étant donné que le fait de courir exerce une charge physique plus importante sur les os que la natation ou le vélo, il se peut que ces forces stimulent les tissus osseux pour signaler au pancréas de l’aider à combler ses besoins en énergie sur le long terme.”

“Nos travaux ont montré que les os ne sont pas seulement passifs, mais qu’ils communiquent activement avec d’autres organes et tissus pour diriger les besoins en énergie du corps,” dit Lombardi. “Nous trouvons souvent que les conditions métaboliques et les risques de fractures sont reliés vers une même condition sous-jacente, ainsi plus nous en apprenons à propos des interactions entre les os et le métabolisme, mieux nous comprendrons des maladies complexes mais importantes comme le diabète et l’ostéoporose.”

Références :

[1] Ultra-trail marathon induces bone response in association with acute and established metabolic changes. Endocrine Abstracts (2016) 41 OC11.3. European Congress of Endocrinology.

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