Une recherche de l’Université de Los Angeles montre que plus les personnes âgés ont de masse musculaire, et moins elles sont susceptibles de décéder prématurément. Leur étude n’est pas isolée, elle vient s’ajouter à tout un corps de preuves qui avait déjà montré que la composition du corps – et non pas seulement l’Indice de masse corporelle (IMC) – est un meilleur indicateur de mortalité toutes causes confondues.

Leur étude, publiée dans l’American Journal of Medicine [1], est le point culminant d’une autre recherche qui avait découvert que le fait de fabriquer de la masse musculaire est important pour réduire le risque métabolique.

“Comme il n’y a pas de mesure étalon de la composition du corps, plusieurs études ont traité cette question en utilisant différentes techniques de mesure, et elles ont obtenu des résultats différents” dit le Dr Srikanthan, l’auteur de l’étude. “De nombreuses études à propos de l’impact de l’obésité sur la mortalité se sont focalisées uniquement sur l’IMC. Notre étude indique que les cliniciens devraient plutôt se focaliser sur les manières d’améliorer la composition du corps, plutôt que sur l’Indice de masse corporelle seul, quand il s’agit de conseiller les adultes les plus âgés vis-à-vis des comportements qu’ils devraient adopter pour leur santé”.

Les chercheurs ont analysé les données collectées par l’Enquête Nationale sur la Santé et la Nutrition (NHANES III), qui a été réalisée entre 1988 et 1994. Ils se sont concentrés sur un groupe de 3659 individus qui comprenaient des hommes qui avaient 55 ans ou plus, et des femmes de 65 ans ou plus à l’époque de l’enquête. Les auteurs ont ensuite déterminé combien de ces individus étaient décédés de mort naturelle à partir d’un suivi qui a été fait en 2004.

La composition du corps des sujets de l’étude a été mesurée en utilisant l’impédance bioélectrique, qui implique de faire passer un courant électrique à travers le corps. Grâce à l’eau contenue dans les muscles, ceux-ci permettent au courant de passer plus facilement que la graisse. De cette façon, les chercheurs ont pu déterminer un indice de masse musculaire – qui est la quantité de muscles par rapport à la taille (en cm) – similaire à l’indice de masse corporelle. Ils ont regardé comment cet indice de masse musculaire se positionnait par rapport au risque de décès.

Ils ont découvert que la mortalité toutes causes était significativement plus faible dans le quatrième quartile de l’indice de masse musculaire comparé au premier quartile. “En d’autres termes, plus vous avez une masse musculaire importante, et moins vous avez de risque de décéder” dit le Dr Arun Karlamangla. “Ainsi, plutôt que de s’inquiéter de son poids ou de son indice de masse corporelle, nous devrions plutôt essayer de maximiser et de conserver notre masse musculaire”.

Cependant, cette étude a quelques limites. Par exemple, on ne peut pas définitivement établir une relation de cause à effet entre la masse musculaire et le taux de survie en utilisant une étude de cohorte comme NHANES III. “Mais nous pouvons dire que la masse musculaire semble être un indicateur solide du risque de décès” explique le chercheur. Car les individus qui ont le plus de masse musculaire sont souvent ceux qui ont le plus d’activité physique, qui expliquerait leur développement ou la conservation de leurs muscles, et qui montrerait que c’est bien l’activité physique qui serait la cause réelle de cette espérance de vie plus longue. En outre, l’impédance bioélectrique n’est pas la technique de mesure la plus avancée, bien que les mesures de l’étude NHANES III aient été réalisées d’une manière très rigoureuse, et que ce soit la meilleure situation possible pour une étude de cette taille.

“Malgré ces limites, cette étude a établi la possibilité d’une indication indépendante de l’espérance de vie en rapport avec la masse musculaire, mesurée par l’impédance bioélectrique chez les personnes âgées, en utilisant les données d’une grande étude représentative” écrivent les auteurs. Ils ajoutent que l’association de l’IMC avec la mortalité chez les personnes âgées a démontré qu’elle était contradictoire. “Nous en concluons que les mesures de la masse musculaire par rapport à la taille devraient être ajoutées aux outils des cliniciens qui s’occupent des personnes âgées. Des recherches futures devront aussi déterminer le type et la durée des interventions physiques qui amélioreront la masse des muscles, et qui augmenteront donc potentiellement la longévité en bonne santé des personnes âgées”.

Références :

[1] Muscle Mass Index as a Predictor of Longevity in Older-Adults. Preethi Srikanthan, Arun Karlamangla. American Journal of Medicine.

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