Le fait de se sentir rassasié implique plus que la seule sensation inconfortable d’une ceinture de pantalon devenue trop étroite. Des chercheurs ont publié dans le journal Cell Press [1] une cartographie cérébrale des signaux qui voyagent entre votre instestin et votre cerveau pour produire le sentiment de satiété après avoir mangé un repas riche en protéines.

Le fait de comprendre ces nombreux allers-retours entre le cerveau et l’estomac pourrait ouvrir la voie vers des approches futures dans le traitement et/ou la prévention de l’obésité.

La consommation de nourriture peut être modulée par des récepteurs mu-opioïdes (MORs, qui se lient aussi à la morphine) présents sur les cellules nerveuses qu’on trouve sur les parois de la veine porte, le principal vaisseau sanguin qui draine le sang depuis les intestins. Plus précisément, le fait de stimuler les récepteurs augmente la consommation de nourriture, alors que les bloquer supprime cette absorption.

Les scientifiques ont découvert que les peptides, qui sont les produits de la digestion des protéines alimentaires, bloquent les MORs, ce qui résorbe l’appétit. Les peptides envoient des signaux au cerveau qui sont alors retransmis en retour à l’intestin pour stimuler la libération de glucose dans l’intestin, ce qui supprime toute envie de manger.

Des souris qui avaient été génétiquement modifiées pour ne pas avoir de MORs n’ont pas produit cette libération de glucose, et n’ont pas montré de signes de rassasiement après avoir avalé un repas riche en protéines. Le fait de leur donner des stimulateurs ou des inhibiteurs de récepteurs mu-opioïdes n’a pas affecté leur consommation de nourriture, contrairement aux souris normales.

C’est parce que les MORs sont aussi présents dans les neurones qui tapissent les parois de la veine porte chez les êtres humains que les mécanismes découverts ici pourraient aussi avoir lieu chez les humains.

“Ces résultats expliquent l’effet de satiété provenant des protéines alimentaires, qui est un phénomène connu depuis longtemps mais qui restait inexpliqué” dit l’auteur de l’étude, le Dr. Gilles Mithieux de l’Université de Lyon. “Ils apportent une nouvelle compréhension du contrôle de la consommation de nourriture et des sensations de faim, ce qui pourrait permettre de nouvelles approches afin de traiter l’obésité dans le futur” ajoute-t-il.

Références :

[1] Duraffourd et al. : Mu-Opioid Receptors and Dietary Protein Stimulate a Gut-Brain Neural Circuitry Limiting Food Intake. Cell Press.

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