L’exercice physique et l’alimentation font habituellement bon ménage, mais certains individus arrivent à ne pas prendre de poids avec moins d’activité physique.

Depuis qu’il a été créé en 1994, le Registre National du Contrôle du Poids [1] aux États-Unis est l’une des sources d’information les plus fiables sur les individus qui parviennent à perdre beaucoup de poids et à conserver le bénéfice de cette perte de poids. En tout, ce registre a déjà suivi plus de 10000 personnes.

Une récente étude, publiée dans le Journal of Physical Activity and Health [2] a analysé plusieurs sous-groupes de participants, qui ont été divisés selon la quantité d’exercice physique qu’ils faisaient, analyse pionnière dans le genre à partir du registre de la population. Les résultats de cette étude sont, pour certains, surprenants.

Les chercheurs ont suivi 3591 adultes hommes et femmes (moyenne d’âge de 46 ans), divisés en quatre groupes selon leurs niveaux d’activité physique. Ceux qui faisaient le plus de sport disaient qu’ils éliminaient plus de 3500 calories (ce qui correspond grosso-modo à 56 kilomètres de course à pieds) en une semaine ; le groupe qui faisait le moins d’exercice dépensait moins de 1000 calories par semaine. L’étude a duré 3 ans. Tous les sujets étaient déjà inscrits dans le registre, ce qui signifie qu’ils avaient conservé le bénéfice d’une perte de poids d’au moins 14 kilos pendant un an ou plus.

L’équipe de l’étude a fait l’hypothèse que le groupe qui faisait le moins d’exercice physique était celui qui aurait élaboré et respecté le plus de stratégies alimentaires pour maintenir leur poids que ceux qui faisaient le plus de sport. Mais au lieu de cela, les résultats ont montré le contraire !

“Ceux qui rapportaient les niveaux d’activité physique les plus élevés indiquaient qu’ils avaient les plus grandes difficultés à conserver leur poids (à partir de plusieurs questionnaires comportementaux complétés par tous les sujets), et qu’ils portaient une plus grande importance à suivre leur régime alimentaire et à respecter leur programme d’entrainement sportif” écrivent les chercheurs.

Les chercheurs ont aussi noté que “nous étions surpris d’observer que ceux qui rapportaient des faibles niveaux d’activité physique n’apparaissaient pas faire plus confiance en des stratégies alimentaires pour réussir à maigrir ni pour conserver le bénéfice de leur perte de poids, que ceux qui rapportaient faire plus d’activité physique. Il y a un sous-ensemble de participants qui semble être capable de ne pas regrossir tout en ayant des faibles niveaux d’activité physique, et en se focalisant moins sur leurs habitudes alimentaires”.

L’auteure principale de l’étude, le Dr Victoria Catenacci de l’Université du Colorado, déclare que ceci montre qu’il n’y a pas qu’une seule stratégie qui convienne à tout le monde pour réussir à ne pas reprendre de poids. Certains individus pourraient avoir besoin d’avoir recours à plus de stratégies que d’autres”. Elle note aussi que le groupe qui faisait le moins de sport comptait deux fois plus de fumeurs que les trois autres groupes.

Les quatre groupes ont rapporté grosso-modo la même quantité de reprise de poids, environ 5 kg, sur les trois ans. Les mêmes sujets ont perdu une moyenne de 32 kg avant d’entrer dans les données du registre. Il faut savoir qu’il est très difficile de garder tout le bénéfice d’une perte de poids sans en reprendre du tout, même si on est sportif.

Parmi les stratégies alimentaires les plus souvent suivies par ceux du groupe qui faisaient le plus d’activité physique, il y avait une consommation réduite de graisses, plus d’hydrates de carbone, moins de fast-food et des petits déjeuners plus fréquents. Au début de l’étude, ce groupe avait perdu environ 3.4 kg de plus que ceux qui étaient dans les trois autres groupes actifs.

“Le message important à retenir ici c’est que ceux qui avaient le mieux réussi à conserver leur poids après avoir maigri suivaient des stratégies à la fois alimentaires et d’activité physique, l’une d’elles ou les deux” dit Catenacci. “Certaines personnes pourraient avoir besoin de plus de stratégies que d’autres. L’élément clé est de trouver un ensemble de comportements qui fonctionne pour chacun, puis de le tenir dans le temps”.

Références :

[1] http://nwcr.ws/

[2] Dietary Habits and Weight Maintenance Success in High Versus Low Exercisers in the National Weight Control Registry. Catenacci VA, Odgen L, Phelan S, Thomas JG, Hill J, Wing RR, Wyatt H . J Phys Act Health. 2013 Dec 31.

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