Selon le Dr Michael Cusimano, neurochirurgien à l’Hôpital St Michael, les casques et les protège-dents existants ont des bénéfices limités, voire pas de bénéfices du tout, dans la prévention des traumatismes chez les joueurs de rugby.

Cependant, les programmes éducatifs de prévention des blessures, qui favorisent les techniques de jeu correctes et le respect des règles, résultent en une réduction significative des commotions et des blessures à la tête, au cou et de la colonne vertébrale, conclut Cusimano qui a passé en revue les études existantes sur le sujet, analyse publiée dans le journal Neurosurgery [1].

Cusimano recommande tout de même aux joueurs de rugby de porter des protège-dents et des casques, car ils réduisent les blessures de la bouche, du visage, les lacérations du cuir chevelu et les écorchures. Il déclare que les sociétés qui vendent ces équipements devraient être encouragées à développer des casques plus sophistiqués, qui pourraient réduire les risques de blessures. Les casque actuels des rugbymen sont constitués d’une coque souple, ont un rembourrage fin et sont principalement conçus pour protéger les oreilles et l’arrière de la tête.

Les joueurs de rugby professionnels souffrent de 91 blessures pour 1000 heures de jeu environ, avec chaque blessure qui nécessite une moyenne de 18 jours de récupération avant de recommencer à jouer.

Le traumatisme est la troisième blessure par ordre d’importance dans un match, qui compte pour 62% des blessures à la tête. Cusimano déclare que le nombre de traumatismes pourrait même être sous-rapporté, parce que les règles du rugby international décrètent que les athlètes ne peuvent pas recommencer à jouer avant trois semaines après avoir souffert d’un traumatisme tant qu’ils n’ont pas été vus par un neurologue.

Les blessures à la colonne vertébrale comptent pour 9% du temps perdu en blessures par les joueurs professionnels anglais, survenant à un rythme de 10,9 pour 1000 heures jouées.

“Un grand nombre de joueurs, d’entraineurs et de juges croient qu’un équipement comprenant des protège-dents et des casques pourrait empêcher les blessures du cerveau dans le rugby” dit Cusimano. “Notre étude a résumé ce qui marche et ce qui ne marche pas. L’équipement comme un casque et un protège-dents est inefficace pour ce qui est d’empêcher les blessures neurologiques, mais d’autres stratégies, comme l’éducation et des modifications des règles, ont montré être beaucoup plus efficaces. Ce type de stratégies devrait être rendu disponible auprès de tous les joueurs de rugby, ainsi ces athlètes pourront passer plus de temps à jouer sur le terrain, et moins à récupérer de leurs blessures sur le banc de touche.”

Par exemple, L’Union du Rugby de Nouvelle Zélande a développé un programme de prévention des blessures au rugby sur 10 points en 2001, qui a eu pour résultat une réduction des blessures du cou et du dos de 13%, et une réduction du nombre de jours moyen d’indisponibilité. Ce qui a également permis de faire de substantielles économies en dédommagements en tous genres.

Références :

[1] The Effectiveness of Interventions to Reduce Neurological Injuries in Rugby Union : A Systematic Review. Cusimano, Michael ; Nassiri, Farshad ; Chang, Youjin. Neurosurgery. 67(5):1404-1418, Nov 2010.

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