Une équipe de chercheurs a trouvé que le fait d’ajouter des produits au soja, comme du lait au soja ou du tofu, n’empêche pas l’apparition ni la fréquence des bouffées de chaleur, ni des suées nocturnes, que les femmes vivent à la ménopause.

Contrairement à des études précédentes qui ont étudié la relation entre le soja et ces symptômes de la ménopause, la présente étude [1] a inclus une très large population sur une longue période de temps : plus de 1600 femmes sur 10 ans.

“Étant donné que la plupart des femmes éprouvent des symptômes déplaisants, surtout les bouffées de chaleur et les suées nocturnes, pendant la ménopause, nous étions confiants dans les propriétés de certains produits alimentaires pour fournir de bonnes alternatives à la thérapie hormonale” explique l’auteur de l’étude, Ellen Gold. “Malheureusement, sur la base de notre étude, les aliments au soja ne sont pas cette ’potion magique’ tant espérée”, pas plus que les compléments alimentaires d’isoflavone de soja d’ailleurs.

L’étude a analysé les données de l’étude Women’s Health Across the Nation (SWAN), qui a suivi plus de 3000 femmes pré-ménopausées et ménopausées avec des visites annuelles pendant 10 ans. Les femmes ont répondu à des questionnaires détaillés sur leurs habitudes alimentaires au début, à cinq ans, neuf ans, et chaque année on leur demandait quelle était la fréquence de leurs symptômes de ménopause, comprenant bouffées de chaleur et suées nocturnes.

L’étude s’est focalisée sur les 1651 femmes qui n’avaient pas encore de bouffées de chaleur ni de suées nocturnes (les symptômes vasomoteurs) au début de l’étude, parce que les chercheurs voulaient évaluer avec précision les effets des facteurs alimentaires sur la prévention de l’apparition de ces symptômes.

Les principaux facteurs alimentaires intéressants dans cette étude étaient les phytoestrogènes, les hormones dérivées des plantes. On les trouve principalement dans le tofu, le lait de soja et les aliments contenant du soja, les phytoestrogènes ont une structure chimique similaire à celle des œstrogènes, et on pense qu’ils ont les mêmes effets que l’hormone féminine dans le corps.

Étant donné que les niveaux d’œstrogènes chutent pendant la ménopause, les scientifiques ont émis l’hypothèse qu’un régime alimentaire riche en phytoestrogènes réduirait les symptômes de la ménopause. Ils ont aussi évalué la consommation en fibres des participantes, parce qu’on croyait que cela augmentait la disponibilité des œstrogènes dans le corps.

Mais l’étude n’a trouvé aucune corrélation conséquente entre les phytoestrogènes alimentaires ou les fibres et l’apparition des symptômes de la ménopause chez les femmes qui n’étaient pas encore ménopausées quand elles ont commencé l’étude.

Bien que d’autres études aient examiné des hypothèses identiques, les résultats étaient restés quelque peu contradictoires. Les plupart des études passées avaient évalué des femmes qui étaient déjà ménopausées et qui avaient des symptômes. Aussi, une relation claire dose-réponse, montrant que plus les femmes consommaient de phytoestrogènes et de fibres, et moins elles étaient susceptibles de développer des symptômes, n’avait pas été trouvée.

Les auteurs ont admis que pour déterminer clairement si une relation existait entre de telles consommations alimentaires et l’apparition des symptômes de la ménopause, il faudrait une grande étude contrôlée randomisée contre placébo sur plusieurs années de suivi. Cependant, ils ont établi qu’une telle étude serait coûteuse et difficile, et leurs résultats indiquent que trouver un effet cliniquement important ou large serait peu probable.

La présente étude comprenait une information détaillée sur un grand nombre de femmes à travers les États-Unis, qui ont été suivies pendant 10 ans. L’étude SWAN a aussi inclus des femmes provenant de différents groupes ethniques et raciaux. “En général, les femmes Asiatiques rapportent moins de bouffées de chaleur dues à la ménopause que les Européennes” explique Gail Greendale, chercheuse. “Le mode d’alimentation ’oriental’, riche en phytoestrogènes, avait été proposé comme cause probable de ces différences ethniques dans l’apparition des bouffées de chaleur. Nos résultats ne confirment cependant pas cette théorie selon laquelle une consommation plus importante de phytonutriments serait associée à une réduction des bouffées de chaleur” conclut-elle.

Références :

[1] Phytoestrogen and Fiber Intakes in Relation to Incident Vasomotor Symptoms : Results from the Study of Women’s Health Across the Nation. Menopause, 2013.

A lire également